Only One - Clayton : Chapitre 4

09/12/2013 14:19

 

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Je regarde le corps brisé de Michael au milieu du cercle et mon cerveau met quelques secondes avant de réaliser pleinement l’information.

Michael. Mort.

Une joie malsaine s’empare de moi. Je n’arrive pas y croire ! L’homme le plus dangereux du centre à ma connaissance est mort !

Je sens mes yeux qui piquent et retient les larmes de joie de tomber. C’est une chance inespérée ! Qu’importe la façon dont il est mort, il est maintenant rayé de la course et c’est tout ce qui importe pour le moment.

La salle qui était si silencieuse jusque là commence soudainement à s’échauffer. Et le regard meurtrier de Steve ne me quitte pas.

Lorelei me rejoint et quand elle voit le cadavre j’ai le reflexe de vouloir lui cacher le spectacle. Mais je me ravise. Ce ne sera pas le dernier. Autant qu’elle y soit  habituée dès maintenant.

Elle se place devant moi et cale sa tête contre mon ventre. Bizarrement, elle ne semble pas effrayée par le corps brisé. On dirait plutôt qu’elle… l’étudie. Comme si cela était une expérience inconnue.

-         Comment est-il mort ? raisonne la voix d’un entraîneur en me tirant de mon examen.

-         Il est tombé des poutres, répond un deuxième.

-         Mais que diable faisait-il là-haut ? s’emporte le premier.

-         J’en sais rien ! s’énerve le deuxième en pointant le plafond. J’au su qu’il était en haut qu’une fois l’avoir vu s’écraser au sol !

-          C’est horrible, gémit un troisième entraîneur.

-         C’est 2/01, dit froidement Steve en me pénétrant de son regard assassin.

-          Comment ça ? demande un entraîneur.

-          C’est lui qui l’a tué.

-         Quoi ? dis-je, la colère s’emparant peu à peu de moi. Je te rappelle que j’étais dans le coma crétin !

-         Alors comment expliques-tu qu’il soit mort juste après que nous t’ayons…

Steve s’arrête juste avant de dire « frappé ». Il se rend compte que cela n’arrangerait rien à la situation de révéler qu’il m’avait tabassé avec son copain le cadavre. Les bourreaux sont rarement prit aux sérieux à Only One. On les range dans la catégorie bourrins sans cervelle.

Mais en effet, une question plane. Comment se fait-il qu’il ait été là-haut ? Et son corps est bien trop endommagé pour que ce ne soit que sa chute qui lui ait causé tout ça.

Quelqu’un a du lui briser la nuque avant de le jeter des poutres. Puis ses membres se sont cassés à la réception. Il n’y avait que ça. Il était quasiment impossible que Michael ait décidé de se poster là-haut tout seul. Il n’en avait aucune utilité.

-         Bon le spectacle est terminé ! dit l’entraîneur le plus vieux. Plus d’entraînement pour aujourd’hui ! Tout le monde sort !

-         Non, attendez ! je crie pour me faire entendre.

L’entraîneur se tourne vers moi et pose un regard critique sur ma silhouette.

-         T’es encore en vie, dit-il. On pensait tous que t’allais y passer. Surtout celui-là, ajoute-t-il en désignant le corps de Michael.

-         Je veux m’entraîner ! dis-je obstinément. Je rien pu faire pendant presque deux jours ! Vous n’imaginez pas ce que…

-         Tout cela est très touchant, 2/01, mais ce n’est pas mon problème.

L’entraîneur me tourne le dos et s’empare de la jambe de Michael. Un crac résonne, sûrement les os.

-         Rob, aides moi à tirer le gamin. On va le mettre là-bas en attendant qu’ils viennent le chercher.

-          Quoi ? dis-je, désespéré. Mais…

-         Viens Clay, dit Lorelei en tirant sur ma manche. On va dans la chambre.

-            Non, Lo ! Je dois m’entraîner !

-            On s’entraînera dans la chambre.

Lo se détache et va chercher plusieurs cordes posées sur l’une des tables. Elle m’en jette dans les bras et je les réceptionne sans trop comprendre.

-            Je te montrerais comment faire des nœuds, dit-elle simplement.

-         Et comme ça tu pourras te pendre avec, résonne une voix dans mon dos.

Je me retourne et Steve est juste derrière moi, à moins d’un mètre.

-          Vas te faire voir, Steve.

-          Je sais que c’est toi.

-         Et comment j’aurais fait ? Grâce à mes pouvoirs magiques ? je réponds, las de tout ce bordel.

-         Je ne sais pas encore comment tu t’y es pris mais je sais que tout ça à un rapport avec toi.

-         Ce que tu es train de développer sous nos yeux s’appelle de la paranoïa. Tu te fais des films. J’ai pas que ça à faire de jouer.

Je prends la main de Lorelei et on sort de la SDE. Je m’attends à ce qu’une main vienne violement s’écraser sur mon épaule pour ensuite m’asséner un violent coup de poing mais rien de tout cela n’arrive.

Lo et moi arrivons à la chambre sans embûche. Le peu d’affaires que Steve avait ne sont déjà plus là. Je ressens comme un vide à voir son lit vaquant. Ce connard est loin de me manquer mais je dirais plutôt que sa mort a rendu la situation, disons, plus… réelle.

Il ne reste plus que demain et après demain avant le Tri. Et il me manque déjà un jour d’entraînement…

Lorelei et moi passons le reste de l’après-midi à nous entraîner sur les cordes. Malgré son jeune âge, je me surprends à ressentir du respect vis-à-vis d’elle. En trois heures d’entraînement j’apprends à faire relativement bien une vingtaine de nœuds différents. Puis quand il nous faut allumer la lumière parce que nous ne voyions plus rien à cause du soleil qui se couche, les évènements de la journée reprennent le dessus.

J’en étais à défaire énième nœuds quand la porte de la chambre s’ouvre et laisse entrer Steve. Je me mets debout sur mes pieds, prêt à recevoir la raclée de ma vie, mais le garçon me passe devant sans me regarder et s’écrase dans son lit.

Lo et moi nous nous regardons, perplexe. Puis au bout d’un moment qui parut s’étendre infiniment, Steve ouvre la bouche.

-          Je sais que c’est pas toi.

Je ne comprends pas tout de suite de quoi il parle. Puis la lumière se fait.

-         T’en auras mit du temps, je réponds avec méfiance.

-         Je savais depuis le début que c’était pas toi, mais je voulais tellement avoir tord. Ce serait plus facile si c’était toi.

Je ne réponds pas. Pas parce que je ne veux pas, mais simplement parce que je ne sais pas quoi dire. Je devrais sûrement le consoler mais en y repensant, il avait tout autant eu envie de me tuer que Michael.

Lorelei semble en proie au même dilemme que moi. Mais au bout d’un moment, elle s’avance vers lui et pose ses petits doigts frais sur l’avant bras. Steve sursaute, étonné de cette attention mais ses yeux se radoucissent quand la pureté de Lo l’atteint.

-         Tu devrais prendre une douche bien chaude, dit-elle de sa petite voix. Ma maman me disait toujours ça quand mes hamsters mourraient. Ça fonctionne, tu verras.

Bien que dévasté, Steve acquiesce et se dirige vers la salle de bain. C’est étrange comme sentiment que de ressentir de la pitié pour son bourreau… J’essaye de relativiser en me disant que si Michael n’était pas mort ils seraient sûrement tous les deux en train de me rosser de coup à l’heure qu’il est et m’assoie sur mon matelas.

Ma petite princesse escalade le lit de Steve et se pose sur celui de Michael qui est juste à côté du mien. Elle me regarde un instant puis après une minute de réflexion durant laquelle je ne la quitte pas du regard, elle me dit d’une voix innocente mais qui me fait éclater de rire :

-         Tu devrais changer de vêtement toi. Ça commence à sentir la ferme…

Un sourire aux lèvres, je me dirige vers mon armoire et tire un autre t-shirt blanc du lot. Je retire celui que j’ai sur le dos et le jette dans la corbeille à l’entrée, et enfile le nouveau qui sens beaucoup moins mauvais, je dois l’avouer. J’en profite pour me changer entièrement. Je prendrais une douche après que Steve ait fini la sienne.

Je suis en train d’enfiler mes chaussettes quand la voix de Lorelei me surprend derrière moi.

-         Je peux te dire quelque chose ? demande-t-elle.

-         Oui, bien sûr, dis-je en me tournant vers elle à cloche-pied, ma chaussette à moitié mise.

-         Tu me crieras pas dessus hein ?

-         Non, dis en fronçant les sourcils, étonné par cette question. Pourquoi je t’engueulerais ?

-         Parce que c’est pas bien ce que j’ai fais.

Elle dit ça d’un air si coupable que j’ai une irrépressible envie de la prendre dans mes bras.

-         Dis le moi, dis-je en m’agenouillant devant elle, toujours assise sur le lit de Michael.

Elle ne me répond pas tout de suite. Son regard évite le mien et elle tord ses petites mains dans un geste nerveux. Puis elle prend une grande inspiration et me fixe.

-          C’est moi qui ai tué Michael.

 

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