Only One - Clayton : Chapitre 1 (nouvelle publication)
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Nouvelle publication.
Des mèches blondes collent à mon visage en sueur e t le goût du sang dans ma bouche est de plus en plus prononcé. Je suis recroquevillé sur le sol du dortoir numéro 1, mon ventre et mon dos en feu. Je suis conscient du moindre des battements de mon cœur. Mes muscles sont à vifs et je ne pense pas pouvoir encaisser un autre coup sans m’évanouir.
Je lève les yeux vers mon agresseur. Michael reprend son souffle le dos contre le mur blanc hôpital. Quand son regard croise le mien, il sourit et la flamme sadique redouble d’intensité dans ses yeux noirs. Et c’est dans ses yeux que se concentre toute la haine qu’il semble vouer au monde. Le reste de son physique n’inspire pas la violence, ni ses cheveux châtains clairs en épi, ni sa carrure qui est loin d’être impressionnante, même pas sa légère barbe qui lui donnerait un air presqu’adulte. Et pourtant, il suffit de le regarder en face, juste une seconde, pour se rendre compte que l’on a affaire à un fou dangereux, aux yeux vides de toute expression, aux joues creuses et aux fines lèvres qui ne s’étirent en un sourire que lorsque leur propriétaire s’adonne à son activité favorite : humilier et faire mal. Comme en en cet instant. Je n’ai même plus la force de ramener mes genoux et me prend le coup en plein dans l’estomac. Aussitôt, une gerbe de sang sort d’entre mes lèvres et s’étale sur le sol.
Des rires fusent. L’autre garçon de la chambre est là aussi. Tellement inutile que je ne me souviens même pas de son nom. Il n’est que l’ombre de Michael, totalement soumis à lui. Le genre qui a essayé toute sa vie de devenir un monstre dont les gens ont peur mais qui arrive à peine à la fonction de sous-fifre pathétique dont le leader se sert pour augmenter sa propre prestance. Et sans doute totalement inconscient du fait qu’une fois dans l’arène, Michael le sacrifiera sans problème pour survivre. Ils me regardent tous les deux en se tordant de rire. Tous des sadiques. Michael, le 1/01, est depuis le début le plus dangereux. Deux jours seulement sont passés depuis le tirage au sort, et me voilà déjà en train de planifier l’ordre de mes victimes à venir. Le premier à éliminer dans l’arène c’est lui. Plus que trois jours et ce calvaire sera terminé. Que je meure avant ou après lui n’est qu’un détail. Il faut qu’il meure, un point c’est tout. Pour Alisen et Lorelei. Pour qu’elles aient toutes deux une chance de vivre un peu plus longtemps. Bien sûr Lorelei n’a que 11 ans, mais elle est la seule du centre qui mérite de vivre. Et Alisen ? Depuis l’épisode dramatique du train je n’ai plus aucune nouvelle de ma petite sœur. Si seulement je pouvais a voir avant… mais je ne me fais pas d’illusion.
J’essuie le sang qui coule sur mon menton d’un revers de manche et attend le prochain impact. Celui-ci ne tarde pas à arriver et cette fois je sens l’os de mon nez se briser. Une douleur de plus. Michael s’apprête à m’en asséner un deuxième, peut-être pour m’achever, quand la porte de la chambre s’ouvre à la volée. Les rires s’arrêtent immédiatement et j’entends Steve, le 3/01, deuxième et inutile sadique de la chambre, siffler.
- Il se passe quoi, ici ? tonne une voix grave.
- 2/01 nous a menacé mon pote et moi, alors on lui a donné une petite correction, répond Michael.
Son argument n’a aucune valeur ! Nous sommes tous ici pour être le dernier debout, bien sûr que je les menace ! Mon potentiel sauveur ne semble pas vouloir s’introduire dans nos problèmes de futurs de cadavres, et sort de la chambre en marmonnant quelque chose à propos de la précocité de la violence chez les jeunes d’aujourd’hui.
J’ai du mal à respirer. Mes côtes me font mal. J’en ai sûrement de fêlées. Je sens le souffle chaud de Michael sur ma joue et son haleine empeste l’alcool.
- La prochaine fois que tu nous menaces, tête à claque, je t’éviscère. Et il n’y aura pas ce débile d’infirmier pour te sauver la mise cette fois.
Il me donne un dernier coup de pied dans la colonne vertébrale et sort de la chambre avec son abrutit de pote. Au même moment, rentre une petite fille blonde. Elle ne semble pas avoir remarqué les deux crétins et percute Steve de plein fouet.
- Dégage, sac à viande ! vocifère-t-il.
- Désolée… marmonne la petite en fixant son regard bleu sur le sol gris dégueulasse.
Michael et Steve la pousse et partent dans le couloir en riant comme des porcs. La petite percute le chambranle de la porte et tombe à quatre pattes. Son regard croise le mien et elle me fait un petit sourire timide.
- Tu veux que je rappelle l’infirmier ? propose-t-elle de sa toute petite voix d’enfant.
Lorelei dit avoir 11 ans, et pourtant on lui en donnerait 3 de moins. Tout chez elle respire l’enfance et l’innocence. Le parfait opposé de tout ce qui règne ici. Pour tous les candidats, elle sera la victime idéale, tellement douce qu’on ne saurait la voir en train de se battre, tellement candide qu’elle ne pourra pas se méfier et tellement fragile qu’elle ne se défendra pas. Et pour moi elle est une bouffée d’oxygène, la seule chose qui m’empêche de sombrer dans la folie meurtrière depuis qu’on m’a séparé de ma sœur. Et qui me donne une raison de ne pas me laisser mourir.
- Non, ça va aller, dis-je en me relevant sur mes coudes. Merci Lorelei.
Je suis à peine assis que je regrette déjà mon geste. Mes côtes me donnent l’impression de ne plus avoir de poumons et ma grimace de douleur m’arrache un cri supplémentaire quand mon nez cassé bouge.
- Je vais appeler l’infirmier.
- Fais ça, dis-je en soupirant.
Lorelei se relève et sort en courant en fermant la porte derrière elle. Cette attention me touche énormément. Elle est si jeune, si… semblable à Emily. Les souvenirs de ma sœur ressurgissent et ses derniers instants sont aussi clairs dans mon esprit que si cela avait été hier. Le cercueil avait été si petit… Le seul souvenir que nous n’aurons jamais d’elle est dans nos têtes. Ma mère n’avait pas supporté l’idée d’avoir des affaires à la maison qui lui rappelleraient sa petite fille sacrifiée. Alisen et moi avions pourtant demandé à garder quelque chose mais elle s’y était fermement opposée. Depuis sa mort, je me force à repenser à elle de peur de l’oublier et de la perdre pour de bon. Je sais qu’Alisen fait de même, bien que cela lui coûte énormément.
Je mets ma main dans la poche de mon pantalon et en ressorts une fleur toute rabougrie. La marguerite de ma mère. Signe de deuil. Comment elle a pu nous faire passer ça à moi et à Ali reste un mystère, mais l’infirmier m’a confié le jour de mon arrivée que ma mère avait fait jouer ses rapports avec certaines personnes de la haute hiérarchie pour en donner une à moi et à ma sœur. Comme lui savait tout ça, je n’en ai aucune idée. Que ma mère ait des liens rapprochés avec des gens d’Only One m’avait tout d’abord anéanti. Puis je me suis rappelé qu’ils étaient eux aussi des employés, comme on pourrait l’être dans un magasin.
Lorelei revient rapidement avec à ses talons mon sauveur potentiel. L’infirmier, un grand et gros homme barbu, secoue la tête de dégoût quand ses eux se posent sur mon corps meurtri et sur la flaque de sang.
- Ils t’ont salement amoché, 2/01.
- Je sais. Vous pouvez me remettre sur pied avant l’arène ?
- En une nuit, mon petit. Mais tu vas jongler. Désolé de ne pas être intervenu dans vos histoires mais je préfère avoir le moins de rapports avec vous.
- Bien sûr, je comprends.
C’est faux, mais qu’est-ce que cela peut bien lui faire ? Tout ce qu’il a à faire c’est nous maintenir en vie le temps que l’on s’entre-déchiquète. Après, il s’occupe éventuellement de nos cadavres le temps de la remise mais ce sont les seuls contacts utiles qu’il peut avoir avec nous.
Il s’agenouille devant moi et palpe mon nez. Il fait subir le même traitement au reste de mon corps et lorsque ses doigts touchent mes côtes il me regarde, l’air inquiet.
- Quoi ? je demande, la panique commençant à m’envahir.
- Tu as plus de choses cassées que ce à quoi je m’attendais, garçon.
- Ce n’est pas réparable ?
- Si… mais la dose de Sérum que je vais devoir d’administrer va sûrement te rendre inapte pendant plusieurs heures.
- Comment ça ?
- Si tu n’avais que ton nez, où quelques bleus à soigner tu aurais pu te remettre debout avant 1-h aujourd’hui. Mais là… tu semble avoir hémorragie interne en plus de plein d’autres trucs et la dose que je vais devoir te prescrire est importante et…
- Il n’y a aucun autre moyen ? je demande les dents serrées pour ne pas les entendre claquer.
- Si ton système immunitaire est très performant, peut-être qu’il peut…
- Donc c’est possible ? Demain je peux reprendre l’entraînement ?
- Seulement si ton système immunitaire est assez performant pour aider le Sérum.
- Alors parfait. Chaque heure que je passe hors des murs de la salle d’entraînement me condamne un peu plus.
- J’ai compris mon garçon.
Je me contente de serrer un peu plus les dents et force mon corps ravagé à se mettre debout. Ça fait mal, mais je survivrais. Une volonté de fer.
- Plus coriace que sa sœur, marmonne l’infirmier.
Cette remarque me fait mal au cœur, mais j’essaye de ne rien laisser transparaître de mes émotions. Je ne laisserais personne connaître mes faiblesses. Ma sœur sera une cible évidente pour ceux qui veulent m’affaiblir. Mais il est aussi une autre voie de montrer son chagrin, bien différente de la détresse.
La violence. Une émotion aussi forte que le véritable chagrin peut engendrer une violence inimaginable. Et si ma sœur se fait éliminer avant moi, je jure que j’en tuerais un maximum avant de rendre l’âme. Pour rendre hommage à mes sœurs. Pour éliminer le plus d’obstacle à la victoire de Lorelei.
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