Only One - Alisen : Chapitre 9
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- C’est pas humain, dit Karl pour la septième fois depuis le début du repas.
- On a comprit, Karl, répond Kelyan. C’est dégoûtant mais c’est mieux que rien.
- Tout de même…
- Cela dit, il n’a pas tord.
- Alisen… dit Kelyan et me fusillant du regard.
- Quoi ? Nan mais regarde ça, dis-je en pointant ma fourchette vers le tas dans mon assiette. C’est censé être quoi cette chose au juste ?
- Je crois que c’est de la purée, répond Karl en triturant la « nourriture » du bout de son couvert. Ou alors des lasagnes… ou… Pff, c’est pas humain.
- Karl, la ferme on je te fourre ma fourchette dans le…
- S’il vous plaît, c’est chiant, marmonne Logan, la tête dans son assiette.
- Tu n’es pas mort toi ?
- On peut pas juste manger…
- Logan, Logan… fait Karl en passant un bras autour des épaules du jeune homme. La scatophilie n’est pas dans notre nature. Arrêtes de te borner à bouffer cette merde.
Logan regarde Karl en fronçant les sourcils et je me surprends à penser qu’il est sexy quand il fait ça. Qui aurait cru que des sourcils pouvaient être érotiques…
Je retiens un sourire stupide et enfourche la mixture. Je la regarde quelques instants puis je capitule. Karl a raison. Je ne suis pas scatophile.
- Alisen, tu veux pas aller chercher de l’eau s’il te plait, demande Kelyan.
- Pourquoi ? je demande, suspicieuse.
- Parce que j’ai soif ! dit-il rayonnant.
- Et tu crois que, parce que monsieur a soif, je vais me lever pour aller lui chercher de l’eau ?
- Bon… en fait je voudrais simplement parler à Logan. Et je m’étais dis que ce serait plus judicieux de le faire quand tu n’es pas là. D’ailleurs Karl accompagne là.
- Quoi ? On s’était dit que…
- J’ai soif !
Le jeune homme se lève furieusement et me force à me lever. Je dépêtre mes jambes de sous la table et m’en vais avec un sentiment de malaise. J’essais de ne pas penser à ce que Kelyan va dire à Logan et me concentre sur ma tâche.
J’arrive devant la fontaine et allume le robinet. Puis je bloque. J’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose d’essentiel. Derrière moi, j’entends Karl se racler la gorge. Je me retourne et il me tend une carafe en essayant de contenir un sourire.
- Je le savais, tu sais, dis-je en remplissant le récipient.
- Je n’en doute pas une seconde.
De retour à notre table, les deux hommes s’entretiennent à voix basse et la discussion semble animée. Kelyan est tout rouge et des larmes brillent aux yeux de Logan. Je fais mine de n’avoir rien vu et pose avec fracas la carafe d’eau entre eux.
- Sa majesté est-elle satisfaite ?
Kelyan me jette un regard que je n’arrive pas à interpréter puis acquiesce. Prenant le récipient, il se lève et vient s’asseoir à l’opposé de Logan. Je tente de croiser le regard de mon ami en pleure, mais il semble perdu dans ses pensées.
- Ça va les jeunes ?
On se retourne à l’unisson. Garrett, John et les trois autres coachs, un plateau à la main, se dirigent vers nous et, à mon plus grand désespoir, viennent s’asseoir à notre table.
Je les aime bien, du moins Garrett et John, les autre n’ayant pas encore eu l’occasion de les tester, mais j’aurais préféré manger en compagnie de mes amis plutôt qu’avec ceux qui nous formatent à la fonction de combattants. Je regarde mes camarades, et constate que la présence des entraineurs à notre table les dérange également. Nul ne dit mots, jusqu’à ce que John me donne un coup dans les côtes.
- Tant que j’y pense, tu es convoquée ma petite.
Je ne sais si tel était l’effet voulu, mais mon cœur se met à battre la chamade.
- Convoquée ? demanda Kelyan.
- Tu t’appelles Alisen ? répliqua le vieux coach.
- Comment ça convoquée ?
- Ça Alisen, j’en sais rien. J’ai simplement reçu un bout de papier…
- Une lettre, coupa la jeune coach.
- Une lettre, merci Sara, qui disait que tu étais convoquée au bureau 12.
Le bureau 12 ? C’est quoi encore cette histoire ? Je sens le regard inquiet des hommes sur moi et je croise celui de Logan, assis en bout de table. Ses mâchoires sont crispées et une flamme étrange brille dans ses pupilles. Le contact ne dure que le temps d’un battement de cils mais je sais que la même pensée passe dans son esprit. Une boule d’angoisse me sert l’estomac. Je repose ma fourchette et éloigne ma chaise de la table, dégoûtée.
Pourquoi moi ?
- Je… j’ai plus faim… excusez-moi.
Je me lève et quitte le groupe.
- Où vas-tu ? demande Garrett.
- A mon rendez-vous au bureau 12.
Je franchis le pas de la porte quand un NON ! tonitruant me fait sursauter. Je ralentis, puis secoue la tête.
- Logan reste là ! hurle John.
J’arrive dans le couloir quand une main m’attrape fermement le poignet et m’oblige à me retourner.
- Laisses-moi Logan.
- N’y vas pas Alisen.
- Je n’ai pas vraiment le choix.
- Bien sûr que si ! Refuse ! Tu sais, tout comme moi, ce que ce bureau signifie.
- Le Secrétaire… je murmure.
A ma connaissance, jamais aucun candidat n’avait rencontré le Secrétaire. Cet homme était caché dans ses appartements et dirigeait le jeu avec ses boutons, comme un enfant. Alors pourquoi moi ? Qu’avais-je fais de mal ? Mes crises étaient-elles la raison de cette convocation ? Et si j’étais dispensée…
Logan semble avoir compris mes pensées car il serra plus fort sur mon bras et me colla contre le mur.
- Non ! Tu sais que si tu y vas ce n’est sûrement pas pour te féliciter. Cet homme… il a créé le jeu ! Il ne peut pas avoir de conscience ! C’est vraiment pas une bonne idée d’y aller.
- Logan…
- Chut…
Il se rapproche de moi et je sens la température monter brusquement. Mon souffle se fait haletant et mas mains deviennent moites. Je n’arrive pas à détacher mon regard de ses lèvres et j’humecte les miennes par réflexe. Je sens ses mains parcourir mes bras de bas en haut et quand elles arrivent à mon cou je ne tiens plus.
Je me mets sur la pointe des pieds et embrasse pleinement ces lèvres qui me font tant envie. Surprit, Logan a un mouvement de recule. Au début il ne se passe rien. Puis il commence à me rendre mon baiser et ses mains descendent de plus en plus bas.
Il se colle davantage contre moi et me plaque carrément au mur. Quand ses mains parviennent à mes fesses, il me soulève et j’entoure son torse de mes jambes. Je sens son cœur battre contre ma poitrine et son souffle contre mon nez. Au bout d’un moment il s’écarte légèrement pour reprendre son souffle mais je le tire aussitôt contre moi et passe au stade supérieur.
Je caresse ses dents de ma langue puis l’enroule autour de la sienne. Il gémit et je crois que j’en fais autant. Je ne sais combien de temps de temps nous passons à nous embrasser mais, nous sommes subitement coupée par une alarme stridente.
A regret, je repose mes pieds au sol. Logan recule et je vois briller dans son regard une lueur coquine. Je lui souris et il me répond d’un froncement de sourcil faussement innocent.
- Tu vas sûrement trouver ça bizarre, mais j’adore quand tu fais ça.
- Quand je fais quoi ?
- Ce truc avec tes sourcils. C’est… sexy.
- Il t’en faut peu pour être excitée.
- C’est pas tellement le geste qui est sexy. C’est l’ensemble.
Un petit silence, tranquille cette fois-ci, s’installe entre nous. Puis il regarde par le hublot de la porte du self et dit :
- Les autres sont partis s’entraîner. On devrait y aller.
- J’ai pas envie de m’entraîner.
- Je pensais plutôt à aller voir le Secrétaire.
- Oh.
C’est triste à dire, mais je l’avais oublié. En effet, je devrais y aller. Mais quelque chose me chiffonne.
- Comment ça « on » ?
- Tu ne crois pas que je vais te laisser y aller toute seule ? Maintenant que toi et moi on est… proche… je ne veux pas prendre le risque de te perdre.
- Je ne vais pas me perdre, dis-je en prenant bien note de ce que « proche » signifiait à présent pour lui. Ce n’est pas comme si j’allais au bout du monde.
- Nan, certes. Mais le bureau 12 est à l’autre bout du camp et 6 kilomètres ce n’est pas rien. Je t’accompagne.
Ouille ! Je n’avais pas pensé à ce petit détail. Six kilomètres à parcourir à pieds… tout Secrétaire qu’il est, il ne s’imagine tout de même pas que je vais y aller comme ça !
- Tu ne connaîtrais pas un moyen d’aller plus vite par hasard ? je demande sans grande conviction.
- Suis-moi. J’ai un truc qui pourrait faire l’affaire. Mais il faudra être discret car la zone où on va aller est très surveillée. T’en es capable ?
- Je pense oui.
- Alors c’est parti !
J’attrape la main de Logan et me laisse guider. Il semble savoir où aller et cela m’inquiète bien plus que de voir le Secrétaire en personne. Si ce qu’il compte me montrer est gardé avec tant d’assiduité, comment se fait-il que lui sache ce qui s’y trouve ?
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