Only One - Alisen : Chapitre 8
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Je me réveille avec la terrible impression d’avoir la tête dans un étau, et la main chaude posée sur mon bas ventre me pose problème quelques secondes, le temps de me rappeler la soirée d’hier.
Un demi-sourire sur les lèvres, je pousse la main de Kelyan et m’assoie prudemment sur le bord du matelas. J’entends le jeune homme marmonner une suite de mots inintelligible et seul « tarée » me parvient clairement aux oreilles.
Je reste ainsi à regarder dans le vague plusieurs minutes, quand je réalise avec dégout que je n’ai pas pris de douche ni ne me suis changée depuis mon arrivée ici. Soit bientôt trois jours.
Je me lève et ouvre mon armoire le plus silencieusement possible, dans l’espoir de trouver quelque chose à me mettre. Je déniche une tenue identique à celle que je porte et découvre avec joie un tas de sous vêtements propres. J’empoigne un ensemble et trottine jusqu’à la salle de bain. J’ouvre la porte avec mon pied, faute d’avoir les mains de libres, et je tombe nez à nez avec Logan.
Ce dernier est figé dans une position mi- debout mi- accroupie, et ses bras sont en l’air et essayent de s’extirper du t-shirt. Il me regarde avec étonnement.
Il se passe ensuite les trente secondes les plus pénibles depuis mon arrivée au camp.
Nos regards ne se quittent pas et je sais que lui aussi repense à notre baiser furtif de la veille. Mon cœur s’emballe et je me sens aussitôt prise de remords. Pas vis-à-vis de Logan. Non. Plutôt vis-à-vis de ce qu’il y a entre Kelyan et moi, bien que cela soit encore assez abstrait pour en tirer une véritable conclusion.
Certes nous avons dormis ensemble. Certes nos mains ont explorée le corps de l’autre. Certes nous nous sommes embrassés… Mais nous avions bu. Nous n’étions pas pleinement conscients de ce que nous faisions. Du moins c’est ce que je me force à croire.
A l’air peiné de Logan, je comprends qu’il nous a vus enlacés dans mon lit et que des idées lui courent le cerveau. J’aimerais lui dire que ce n’est pas ce qu’il croit mais je me mentirais à moi-même, et cela ne ferait qu’aggraver la situation.
Je romps le contact visuel et me concentre sur l’enlèvement de mes vêtements. Cela se révèle plus compliqué que prévu car ma blessure au dos a cicatrisé sur le tissu de mon t-shirt. Si je veux le retirer, il va falloir que je rouvre la plaie.
Fait chier !
Je prends le bas de mon haut à deux mains et serre les dents. Je me prépare à la douleur qui va arriver et tente de faire le vide dans ma tête afin qu’un maximum de la souffrance puisse s’y jeter. Je ferme les yeux et tire.
Du moins j’essaye car deux mains puissantes m’ont agrippé les poignets. Je rouvre les yeux et vois Kelyan. Le jeune homme sourit et secoue la tête.
- Que…
- Laisse, je vais faire, dit-il.
Trop choquée pour refuser, même si de toute façon cela ne me déplait pas, Kelyan me fais tourner et entreprend de décoller doucement la croûte du tissu. Cet acte d’attention me fait chaud au cœur, mais le regard en biais de Kelyan vers Logan en dit long sur ses véritables intentions.
Je soupire et m’écarte du jeune homme.
- Alisen…
- Ça va, je peux le faire moi-même.
- En t’arrachant le dos ? Ouais, c’est une technique… dit-il en se moquant de moi.
- Je n’ai pas besoin de baby-sitter. Et dis-moi, (consciente que Logan nous regarde je prends un malin plaisir à lui dire ça) tu n’es pas censé avoir déjà une petite amie ?
Ma question le laisse pantois. Puis il se ressaisit et explose de rire.
- J’hallucine ! Tu t’en rappelles ?
Oui je m’en rappelle.
Logan esquisse un sourire et me jette un regard amusé. C’est stupide, mais mon cœur se gonfle d’espoir et une idée plante sa graine dans mon esprit. Bien que débile et légèrement dangereuse, je ne peux m’empêcher de penser que ça peut marcher. Tout est bon pour récupérer l’homme que j’ai blessé, même si, j’en suis sûr, cette blessure est bien superflue comparé à ce qu’il risque d’endurer dans quelques jours lors du Tri.
En retenant un sourire, je me débarrasse de mon t-shirt en évitant de m’arracher le dos au passage et m’extirpe de mon pantalon en tortillant mon bassin exagérément. Une fois en sous-vêtements, je m’avance vers Logan en roulant des hanches et pose ma main sur son ventre nu et musclé. Je peux sentir un frisson parcourir son corps et je suis surprise de remarquer que je ressens la même chose.
Non sans jeter un regard aguicheur à Kelyan, je pousse Logan jusqu’à une cabine et prends le rideau de douche dans une main en poussant un gémissement, que je souhaite sensuel. Mais c’est un cri qui sort de ma bouche quand je glisse et m’étale sur le carrelage.
Kelyan, qui nous regarde depuis le début avec un sourire aux lèvres, éclate de rire en manquant lui aussi de tomber. Puis un son que je n’aurais jamais cru autant apprécier sonne devant moi. Je tourne mon regard vers Logan et je le vois, accroché aux barreaux de la douche pour ne pas glisser tant il rit.
Je me relève, faussement en colère, et fusille gentiment Logan du regard. Je m’empare d’une serviette suspendue au mur et m’enroule dedans telle une endive avec son morceau de jambon. Et pour que cela semble plus vrai, je tape même du pied.
Les deux hommes se calment petit à petit, mais il suffit d’un regard de Kelyan à mon intention, pour que ce dernier redémarre en pleurant de rire. Ce qui fit redémarrer Logan également. Finalement, mon air impassible ne tenant plus, je me prends à rire aussi et je me surprends même à avoir un fou rire.
Je commence à croire que toutes les tensions, ou presque si vous voyez ce que je veux dire, ont disparu. Mais Logan brise cette illusion en moins de temps qu’il en faut pour le dire.
- Bon, je vais vous laisser tous les deux. Vous avez sûrement besoin…d’intimité.
- Oui, merci, répond Kelyan en posant sa main dans le creux de mes reins, ce que je m’empresse de rectifier en faisant mine d’aller chercher mes affaires de toilettes.
- Oh…D’accord, fait Logan avec ce qu’il me semble être de la tristesse dans la voix. Il ne s’attendait sûrement pas à une telle réponse et ce n’est pas moi qui allais mettre les choses au clair… du moins pas encore.
Je sors de la salle de bain et me rue sur la trousse de toilette qui m’a été administrée à mon arrivée. Je l’ouvre pour la première fois et mes yeux s’embuent de larmes.
Bien mit en évidence, une marguerite étincelante m’ouvre ses pétales. Je repense aussitôt à ma mère, car elle en avait une dans ses mains lors du tirage au sort auquel elle a refusé de participer. Je lui en avais voulu. Mais maintenant je me rends compte qu’elle n’est pas insensible et qu’elle pleure ses enfants comme tous les autres parents de Continent.
Puis mes pensées dérivent sur Clay et je me demande si lui aussi a reçu ce présent. Puis je l’imagine dans les mêmes conditions que moi, avec trois nanas dans sa chambre et une bouffée de jalousie s’empare de moi. C’est puérile je sais, mais je suis comme ça. J’aime mon frère et j’ai toujours un peu de mal avec ses copines… bon, c’est vrai que dans ses conditions, avec les risques de mort et tout, ce n’est pas vraiment pareil…
Je détache douloureusement mon regard de la marguerite et je me rends compte que pas un bruit n’est venu déranger le cours de mes pensées.
Je regarde en direction de la salle de bain et Logan et Kelyan sont en plein bras de fer visuel. J’ouvre la bouche d’un air qui ne me met pas en valeur et je prépare une bonne réplique pour les calmer, quand la porte de la chambre s’ouvre à la volée et Karl apparaît, dégoulinant de sueur. Son regard se pose sur Logan et Kelyan à moitié nus, puis sur moi, enroulée dans ma serviette.
- Heu… je crois que j’ai raté un épisode…
Un long silence lui répond, durant lequel les deux hommes ne se quittent pas du regard, toujours sans raison apparent qui plus est. Enfin, si. J’ai bien une idée quand à la source de leur problème, mais je ne suis pas certaine de beaucoup apprécier.
- Je… Je retourne m’entraîner, dit Karl.
- Je t’accompagne, ajoute Logan en s’habillant et en tournant résolument le dos à Kelyan.
- C’est ça, dit Kelyan un sourire carnassier aux lèvres. Laissez-moi avec Alisen. Il y a certaines choses que l’on ne peut faire en compagnie d’autre personne.
Bon, techniquement si, on peut. Ça s’appelle une parthouze, mais là n’est pas la question.
- Je ne sais pas quoi répondre pour me défendre et prouver mon « innocence » envers Logan. Et même si j’avais ma réplique, je n’aurais pas eu l’occasion de la mettre à l’épreuve C’est ça, dit Kelyan un sourire carnassier aux lèvres. Laissez-moi avec Alisen. Il y a certaines choses que l’on ne peut faire en compagnie d’autre personne.
Bon, techniquement si, on peut. Ça s’appelle une parthouze, mais là n’est pas la question.
Je ne sais pas quoi répondre pour me défendre et prouver mon « innocence » envers Logan. Et même si j’avais ma réplique, je n’aurais pas eu l’occasion de la mettre à l’épreuve car se dernier se précipite vers la sortie et claque violement la porte sans même m’accorder un regard.
Je regarde la porte fixement, comme pour me convaincre de se qui est en train de se passer. Puis, après quelque secondes d’indifférence stoïque, la colère s’empare de moi et je me tourne vers Kelyan en hurlant.
- Tu le fais exprès, c’est ça ?
- De quoi ?
- Oh arrêtes, tu veux ! J’ai bien vu ton petit jeu. Tu me colles et me tripotes…
- Je ne te tripote pas.
- La ferme ! Tu me colles et me tripotes… en regardant Logan l’air de dire : « Tu vois, moi je peux ». mais qu’est-ce qu’il se passe dans ton crâne, bordel ?!
- Alisen, je ne suis pas là pour me…
- La ferme ! je répète. Ne fais pas comme si tu ne le savais pas. Tu étais là quand c’est arrivé… tu étais là à l’infirmerie. C’est déjà bien assez dur comme ça, alors pas la peine d’en rajouter une couche.
- Tu parles de quoi, merde ?
- J’aime Logan, crétin ! Tu nous a vus nous embrasser ! Si tu crois que c’est facile… Je ne suis pas conne, tu sais. Je sais qu’il va mourir… Il est fort, mais face à toi ou même face à mon frère… il n’a aucune chance. Il me l’a dit lui-même. Il est incapable de tuer, alors que vous, vous n’hésiterez pas.
Puis les larmes coulent enfin. Je vais pour les essuyer mais Kelyan me devance et m’en débarrasse en me caressant la joue. En tant normal je l’aurais repoussé en l’insultant, mais là, ma volonté mise à plat, je le laisse faire et ferme les yeux. Mes jambes ne trouvant plus la force pour me soutenir, me lâchent et je me retrouve entre les bras de Kelyan.
Ça me fait du bien de pleurer, même si ces temps si je ne fais plus que ça…
Je cale ma tête sous son cou et m’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage.
- Alisen… murmure-t-il, sa main caressant sans sous-entendu mon dos.
- Tais-toi.
- Je ne te demande de choisir entre moi et lui, tu sais ?
- Je sais.
- Mais garde bien en tête que, s’il meurt avant moi, tu pourras toujours compter sur moi. Jusqu’à ce que je meurs à mon tour.
- Ne dis pas ça.
- Pourquoi ? Il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur et nous sommes quarante. Une chance sur quarante de vaincre. Pour moi ça revient à dire une chance sur un million… Je suis fort et, comme tu l’as dit, je n’hésiterais pas à tuer, mais si je parviens aux duels et que je dois me battre à mort contre toi, sache que je me trancherai la gorge avant même que la cloche ne sonne.
- Tu ne te battras pas contre moi, lui dis-je pour le rassurer.
- J’espère. Mais même ainsi, il n’y a qu’une chance sur quarante pour que je gagne. Et je ne pense pas pouvoir vivre normalement en sachant que tu es morte. Une chance sur quarante… je veux que ce soit toi qui ais cette chance, Alisen. Tu es la seule qui la mérite vraiment. Ton frère sera fier de toi, là-haut.
- Oui, mais une chance sur quarante ce n’est pas beaucoup, Kelyan, dis-je la vois emplie de larmes à la pensée de mon frère mort.
- Tant qu’il y a une chance il y a de l’espoir.
- Je sais.
La cloche indiquant le petit déjeuner nous extirpe l’un de l’autre et nous sortons lentement de la chambre. Nous nous dirigeons vers la salle de réfectoire et avant que j’ouvre la porte, Kelyan me tire en arrière.
- Quoi ?
- Vas lui parler. J’ai bien compris que tu l’aimais. Alors si tu veux me faire un dernier cadeau avant la fin, fais moi le plaisir de sortir avec ce garçon et d’en profiter tout le temps qu’il vous reste.
Les larmes menacent à nouveau de percer ma résistance mais je les retiens en déglutissant.
- Je te le promets.
Il me sourit timidement puis ouvre la porte.
- Merci, dit-il.
Puis il entre dans le réfectoire et prend un plateau.
- De rien…
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