Only One - Alisen : Chapitre 7
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Le reste de la journée se passe sans encombre. Il faut dire qu’allongée dans un lit, les risques d’accidents sont relativement faibles. Mais après cinq heures d’inactivités profondes, mes nerfs ont de plus en plus de mal à ne pas céder et compter les tâches au plafond devient pire qu’énervant.
L’infirmière, une jeune femme ronde plutôt jolie, est assise sur une chaise, un livre à la main. Je dois avouer qu’au début elle ne m’inspirait pas confiance, mais au fil des heures j’ai été forcé de l’apprécier. Elle est du genre calme et rien que pour ça elle se positionne en tête de classement.
Je tortille mes chevilles et me redresse sur les coudes. Il faut que je sorte d’ici dans quel cas je pète les plombs.
- Hum… S’il vous plaît ?
- Oui 4/08, que veux-tu ?
Sa manière de m’appeler me décontenance. Machinalement je caresse la plaque dorée sur mon torse et je me souviens qu’ici, nous n’avons plus de nom. Enfin, en théorie… Car elle est bien la seule à m’appeler ainsi.
- 4/08 ? Est-ce que tu vas bien ?
- Je… Oui, ça va…
- Je devrais peut-être faire demander 2/08, dit-elle en se levant.
- Je n’ai pas besoin de Logan.
- De 2/08, tu veux dire ?
- Non. Il s’appelle Logan.
- Peu importe, dit-elle en balayant l’air de sa main. Que voulais-tu au juste ?
- Simplement sortir de là. Je me sens mieux et je préfèrerais ne pas manquer trop de séances d’entraînement.
- L’entraînement est terminé depuis vingt minutes, 4/08.
- Dans ce ca je veux aller dans ma chambre.
- Tu n’as pas le…
- Suzie ! crie alors John en entrant dans l’infirmerie.
- John ! Que viens-tu faire ici ?
- Je viens libérer Alisen de tes bras de sorcière.
- 4/08 tu veux dire ?
- Non. Je veux dire Alisen !
Suzie semble particulièrement énervée par le ton du coach. Mais cela ne l’empêche pas de lui répondre sur un ton un peu trop mielleux pour moi.
- Jonathan… Tu sais bien ce qu’a dit le secrétaire. Une fois incarcérés, les candidats devront être appelés par leur identifiant. Celui de la demoiselle est 4/08 et si tu ne…
- Elle s’appelle Alisen et j’en ai rien à faire de ce que le secrétaire a bien pu dire, dit-il en serrant les dents et en pointant son index sur Suzie. C’est à cause de ce salaud que mon Conrad est mort et si tu crois que je vais lui lécher les bottes pour ce genre d’action tu peux te mettre ça où je pense !
- Sois donc respectueux envers tes supérieurs Jonathan Sarc ! A ton avis, qu’arriverait-il à ta chère et tendre fille si le secrétaire venait à apprendre notre petite discussion, hein ? Je serais toi, je changerais de camp et vite. Ta vie ainsi que celle des tiens est comptée John. Ce serait dommage qu’il y ait une fuite, n’est-ca pas ?
- Tu te mets à faire des menaces maintenant, Suzie ? Je te rappelle juste que je suis ton supérieur et que ta parole face à la mienne ne vaut rien. Qui ferait confiance à une simple infirmière ? Tu ne connais pas ces enfants ! Moi si et je peux t’assurer que je ne te laisserais pas leur faire de mal. Et encore moins à celle-ci, ajoute-t-il en me désignant.
Suzie me regarde comme si elle venait tout juste de se rappeler ma présence.
- Pas un mot, me dit-elle.
- Sinon ?
- Ne commence à jouer avec moi 4/08…
- Alisen, je la coupe.
Elle ferme les yeux d’énervement et se mord les lèvres.
- Elle ne dira rien, intervient John. Elle n’en n’aura pas le temps de toute façon. Et puis, ce n’est pas pour te vexer Alisen…
- 4/08 ! hurle l’infirmière.
- Mais tu as une réputation de droguée, et les drogués ne sont que très rarement écoutés.
- Je le sais, je réponds tristement.
- Arrêtez ce petit jeu stupide ! Tu sais pourtant, John, que tu n’as pas le droit de t’attacher à un candidat ! C’est contraire au règlement !
- Et hausser la voix sur son supérieur crois-tu que cela ne soit pas contraire au règlement ?
- Certes, mais…
- Alors, puisque je suis ton supérieur tu fermes ta grande bouche et tu me laisses tranquille. Et ne t’avises pas de faire de mal à aucun de mes élèves !
- Hey, il se passe quoi là ? demande Carl à l’entrée de l’infirmerie.
- On vous entend beugler de nos chambres, ajoute Kelyan juste derrière lui.
Bien sûr, Logan n’est pas là…
- Alisen ! s’exclame Kelyan.
- Emmenez-la avec vous, dit le coach.
- Non ! crie l’infirmière.
- Tu force l’autorité, Suzie ?
- Elle est malade !
- Je préfère la savoir malade dans sa chambre avec ses amis, plutôt qu’ici avec toi. C’est grâce à Logan qu’elle est sur pied à l’heure qu’il est. Tu étais inutile.
- Je t’interdis de dire que je suis inutile Sarc !
Leurs cris commencent sérieusement à me taper sur le système et je m’extirpe lentement de mes draps. Sous les vifs encouragements des deux jeunes hommes dans le couloir, je parviens à sortir de cet enfer sans me faire repérer. Quand j’arrive à côté d’eux, Kelyan me donne une tape dans le dos qui se voulait sans doute amicale, mais il me frappe les entailles et un cri de douleur s’échappe de mes dents serrées.
- 4/08 ! s’écrie Suzie.
- Laisses-là s’en aller, l’arrête John. Si elle va mal elle reviendra. Pour le moment laisses-la profiter des quelques instants qui lui reste.
Sur ce, Kelyan m’attrape par la manche en prenant soin de ne pas toucher ma brûlure, et m’emmène dans le dortoir.
La première chose que je remarque c’est la lourde absence de Logan. Puis la seconde, qui aurait du me sauter aux yeux dès le début, c’est une grande banderole suspendue au dessus de mon lit, sur laquelle est écrit en grosse lettres masculines BIENVENUE !
La surprise se lit sur mon visage car Carl explose de rire. Kelyan, quant à lui, tente en vain de masquer son sourire.
- C’est pour moi ? je demande bêtement en m’avançant vers la décoration.
- Oui, me répond Carl en souriant. On voulait s’excuser pour ce matin. On n’aurait pas du t’embêter.
- Heu… Merci.
Puis une question me vient à l’esprit.
- Au fait Kelyan, ce matin tu n’as pas réellement essayé de me violer, hein ? C’était juste à cause de la drogue, c’est ça ?
- C'est-à-dire que…commence-t-il embarrassé. Bon, je vais mettre les choses au clair, d’accord ? J’ai une copine, Alisen. Arrête de fantasmer sur moi.
Je regarde le jeune homme, ébahie. Puis la raison l’emporte et j’éclate d’un rire franc. Ça fait du bien de rire ainsi ! Tellement du bien ! Quand je parviens à respirer sans m’étouffer je réponds :
- Kelyan ! T’es franchement pas normal, tu sais.
- Oui, on me l’a souvent dit.
- Plus sérieusement. C’était juste la drogue, hein ?
Les deux hommes échangent un regard qui semble vouloir dire : « Merde ! Qu’est-ce qu’on fait là ? ».
Une boule de chaleur, qui n’a rien à voir avec le fait que mon avant bras soit brûlé, me caresse le ventre. Puis un doute immense éclate en moi.
- Kelyan ?
- Bon, si on mangeait ! s’exclame-t-il.
- Kelyan ?
- Hein, tu as faim toi aussi Carl ?
- Tout à fait, tout à fait…répond ce dernier.
- Kelyan !
- Tu devrais gouter ça, c’est délicieux ! dit-il en me tendant une sorte de morceau de tourte.
Je m’apprête à crier son nom une quatrième fois, quand mon ventre se met à protester sa faim violement. J’abdique en baissant les bras en m’empare de la part qu’il me tend.
A peine ma langue a-t-elle touché le morceau, qu’une explosion de saveur me parcourt les papilles. Je pousse un petit cri contre mon gré, et les garçons se mettent à rire.
Après avoir dévoré la moitié de la tourte à moi toute seule, une autre question me vient à l’esprit.
- Comment avez-vous eu toute cette nourriture ?
- On l’a demandé au cuisinier, me répond Carl. On devait le manger ce soir de toute façon, alors ici ou dans le self…
- Mais bien sûr le petit Logan a préféré manger tout seul, ajoute Kelyan, un soupçon de déception dans la voix.
- J’ai bien essayé de lui demander pourquoi mais il a refusé de me le dire. Tu ne saurais pas toi, par hasard ? dit Carl à mon intention.
- Heu… non, dis-je en masquant du mieux que je peux le mensonge dans ma voix.
- Dommage, termine Kelyan.
Nous terminons le repas en échangeant des anecdotes de notre enfance et je les remercie intérieurement de ne pas mentionner ni mon frère, ni ma sœur. Puis Carl sort de sous son lit trois bouteilles de vin rouge et remplie nos verres.
Morale de la soirée : ne JAMAIS se boire une bouteille entière d’alcool, surtout quand c’est la première fois que vous buvez, sous peine de se récolter quelques baisers mal placés ainsi que des mains baladeuses que vous accueillez tout de même à bras ouverts. Mais quitte à mourir dans quatre jours, autant vivre ses derniers instants en s’amusant et en expérimentant certaines choses.
A la fin de la soirée, l’horloge affichant déjà les onze heures et demie et Logan n’étant toujours pas rentré, nous allons nous coucher. Et c’est ainsi que je me retrouve à partager mon lit avec Kelyan, un de ses bras sous ma tête et une main sur les fesses…
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