Only One - Alisen : Chapitre 6 (nouvelle publication)

02/11/2013 10:11

 

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-            Tu dois le considérer comme ton ennemi, me dit Garrett. Alors arrête de le frapper comme si tu avais peur de lui faire mal. C’est un sac, Alisen. Il ne te rendra pas les coups.

Je regarde le sac d’entraînement qui pendouille devant moi d’un air soupçonneux.

-            Tu es jeune et pleine de vigueur, continue l’entraîneur. Profites-en et défonces-moi ce sac.

-            Tu n’es pas bien vieux non plus, dis-je d’un air absent, le regard toujours rivé sur le sac.

Garrett rit, ce qui me fait tourner la tête.

-            Je suis sûrement plus vieux que tu ne l’imagines, mademoiselle.

-            Je ne  t’en donne pas plus de vingt-cinq, je réponds en fronçant les sourcils pour mieux l’examiner.

-            Tu peu en rajouter cinq de plus, dit-il en baissant le regard au sol.

-            Trente ans, sérieusement ?

-            Vingt-huit en fait, mais tout de même.

Je toise Garrett et attend qu’il s’exclame « Mais non, je rigole ! », mais le coach semble très sérieux.

-            Vingt-huit, je répète, mes yeux bleus rivés sur son visage.

-            Arrêtes donc de le répéter ! Je déteste me rappeler de mon âge.

-            Excuse-moi, dis-je embarrassée.

Un ange passe et je ne sais pas où me mettre.

-            Il faudrait reprendre l’entraînement ! dit enfin Garrett comme si cette décision était la découverte du Graal.

-            Oui, faudrait.

Garrett me sourit et au moment où je vais frapper sur le sac John, le coach de la multi-salle, frappe dans ses mains et crie pour ce faire entendre de tous.

-            Aller ! Vous avez bien travaillé pour ce matin. Reposez-vous un peu. L’entraînement reprend cette après-midi à partir de 14h.

Des soupirs de soulagement fusent de toute part, si bien des candidats que des entraîneurs. Je pose ma main sur le sac d’entraînement et je suis soudainement prise de convulsions.

Mes jambes ne me tiennent plus et je m’écroule au sol. Je n’ai plus qu’un seul point de couleur au centre de ma vision et tout le reste est noir. Mais que se passe-t-il ?

Mon corps se secoue interminablement sans que je sache combien de temps il s’écoule. Mon esprit se promène entre la réalité et l’inconscient et la frontière entre les deux se fait de plus en plus imprécise. Bientôt, de ce que je pense savoir, des voix paniquées parviennent à mes oreilles qui bourdonnent. Parmi elle je reconnais celle de Logan.

-            Elle a besoin de soin, emmenez-là à l’infirmerie pour l’amour de Dieu ! Vous là ! Vous êtes l’infirmière du camp alors pourquoi est-ce que j’ai l’impression que vous êtes la personne la plus inutile en ce moment ? Bougez-vous bordel !

-            Je ne vous permets pas ! s’indigna la bonne femme.

-            Faites ce qu’il dit ! rugit la voix de John.

Quelqu’un me porte alors dans ses bras et me cale contre son torse pour que ma tête  ne bouge pas trop. L’odeur me dit vaguement quelque chose mais je suis aveugle et ne me fit qu’aux sens qui me restent. Mon cerveau ne prend pas la peine d’analyser ce qu’il reçoit de l’extérieur. Il est bien trop occupé à combattre les premières hallucinations.

Des images se forment dans mon esprit. Des images que j’aurais aimé ne jamais revoir. Des visages apparaissent tout d’abord, puis des corps et enfin des scènes entières. Les voix autour de moi ne deviennent plus qu’un détail. Je ne sens même plus le corps de mon porteur contre moi. Toutes mes forces sont canalisées malgré moi sur ses visions d’horreur qui se jouent dans mon esprit. Mon frère ne tarde pas à entrer en scène. Il tient un arc dans les mains. Il bande l’arme, vise et la flèche se plante droit entre les deux yeux de ma sœur. Un cri déchirant résonne à mes oreilles et je réalise qu’il vient de moi.

Peu à peu je retrouve le sens du toucher et comprends que je suis allongée sur un lit, les poings liés aux barreaux et les jambes bloquées par le corps massif se Garrett. Mon corps est parcouru de soubresaut, et de la sueur coule dans mes yeux. Puis une faible douleur au bras droit attire mon attention.

Une seringue est plantée dans mon avant bras. Avant que le liquide ne se soit entièrement répandu dans mon sang et avant que je ne devienne un légume, je redresse le buste et plie le plus possible mon bras attaché jusqu’à pouvoir toucher la seringue de mes lèvres. Je prends l’objet entre mes dents et tire d’un coup. Je recrache la piqûre en même temps qu’une voix tonitruante rugit.

-          Alisen, non !

Sans doute est-ce Garrett à mes pieds.

-            Il faut lui remettre la seringue en place ! s’impatiente une voix que je suppose être celle de l’infirmière.

-            Trouvez autre chose, gronda dangereusement une voix que j’identifie sans peine.

-            2/08 ne soit pas stupide, dit l’infirmière à Logan. Il lui faut cette drogue. Elle est très efficace sur…

-            Justement ! cria Logan. Votre merde est trop efficace ! Alisen…

-            4/08, reprend l’infirmière.

-            Alisen, répond Logan d’une voix menaçante, devient dépendante à ça. Donnez-lui quelque chose de médicale, quelque chose qui lui coupe cette addiction.

-            Le petit à raison, dit John. Une simple morphine aurait suffit, même la première fois lors de son arrivée ici. Je ne comprends toujours pas pourquoi vous lui avez injecté ça. C’était bien trop fort pour elle.

-            Je ne te permets pas de te mêler de ce qui ne te regarde pas ! s’énerve l’infirmière.

-            Commence par être compétente dans ton domaine alors ! crie John. Puis on en reparlera.

J’entends une porte claquer et j’en déduis que John est parti.

L’infirmière soupire d’agacement et hèle quelqu’un. Quelque secondes plus tard je sens une autre piqûre. J’hésite à me rebeller mais puisque Logan ne dit rien, je suppose que cela ne peut être que bon pour moi. Le fait est que moins d’une minute après l’injection je commence à voir de nouveau et mes sauts de biches apeurée ont complètement cessé.

Je jette un œil aux personnes présentes dans la pièce et je ne suis pas surprise de constater que tous, à part John, sont là. Les quatre autres entraîneurs et mes trois colocataires. Ils me regardent avec une pitié qui pour la plupart ont du mal a dissimuler.

Logan est le plus proche, assis à mon chevet, encore… ses yeux bleus sont brillants et une larme solitaire coule le long de sa joue. Je veux la lui sécher mais les sangles m’en empêchent. Logan  semble avoir perçu ma détresse car il  s’attaque doucement aux liens qui me retiennent.

-          Non 2/08 ! proteste l’infirmière.

-          Elle va bien.

-          Oui, c’est vrai…

Le jeune homme prend délicatement la première sangle, celle de mon poignet gauche, et la défait avec mille précautions. Sous le regard critique de l’infirmière, il fait de même avec mon poignet droit. Je lève mon bras blessé et inspecte la brûlure en retirant le bandage fait à la va-vite. Du sang coule de la plaie causée par la sangle. Je grimace et je sens mon dos me brûler de plus en plus, comme si on soufflait dessus pour raviver lentement les braises d’un feu mourant.

-            Merde ! s’exclame l’infirmière en faisant sursauter Garrett toujours à mes pieds mais qui se contente juste de me regarder et non plus de m’immobiliser cette fois. Je ne me suis pas occupée de ses blessures !

-            Je vais m’en occuper moi-même, intervient Logan en fusillant la bonne femme de son regard bleu perçant.

-            Vous n’êtes pas qualifiée pour… commence-t-elle mais la jeune coach l’interrompt.

-            Pas besoin d’être un expert pour voir que ce garçon s’occupe bien mieux d’elle que vous ne pourriez le faire.

-            Sara ! d’indigne la bonne femme en redressant sa grosse poitrine comme si elle avait été percutée par un camion.

Les doigts de Logan se posent sur mon avant bras blessé et caressent ma peau brûlée. Là où sa peau est en contact avec la mienne, des dizaines de poils se soulèvent sous l’effet de la chair de poule. Sara, la jeune entraîneuse, pose sur le matelas un pot de crème et d’un geste, elle ordonne à tout le monde d’évacuer la pièce. Je suis étonnée de voir que l’infirmière ne rechigne pas et sort juste avant Sara.

Il ne reste plus que Logan et moi.

Ses doigts badigeonnent ma peau calcinée et encore douloureuse, mais pour lui, je me force à ne pas grimacer et à endurer la souffrance en silence. La crème est froide et un doux frisson de soulagement s’empare de moi. Je ferme les yeux de bonheur.

-            Tourne-toi, chuchote-t-il comme pour ne pas briser cet instant de repos.

J’obtempère sur le champ et dévoile mes balafres en soulevant mon t-shirt. Je me pose sur les coude set le regarde me tartiner le dos. Dans ses yeux bleus se lit une douceur infinie et une attention complète. Quand ses doigts se posent sur la plus profondes des entailles je ne peux m’empêcher de pousser un petit couinement.

Il tourne alors la tête vers moi, paniqué. Je lui fais signe que ce n’est rien, qu’il ne dois pas s’inquiéter et il continue à soigner mes blessures.

Quand il a terminé, il remet mon t-shirt en place et je sens que des croutes se forment déjà sur mon avant bras. La magie de la nouvelle médecine…

Logan referme le pot et s’assied sur une chaise, près de ma tête.

Nos regards se croisent. Je lui souris. Après une courte hésitation, Logan me le rend en mille fois plus radieux, dévoilant des dents superbes, et il pose son menton entre ses mains.

Sa tête se trouve à quelques centimètres de mon oreiller. Je me rapproche de lui et plante mon regard dans le sien.

En ravalant ma culpabilité, j’avance mon visage vers le sien et Logan suit le mouvement, les yeux brillants d’excitation. Je suppose que je suis dans le même état.

Nos lèvres ne sont plus qu’à deux centimètres l’un de l’autre. Je sui soudainement prise d’une bouffée de chaleur et ma respiration est plus rapide. Je me met dans une position stable sur mes coudes et inspire. Les yeux de Logan ne quittent pas mes lèvres. Je franchis l’espace qui nous sépare, et quand mes lèvres touchent les siennes, la porte de l’infirmerie s’ouvre.

-            Oups, désolé… dit Kelyan en refermant précipitamment la porte.

Je regarde Logan mais celui-ci est de nouveau assis, droit, dans sa chaise. Il ne me regarde pas. Son regard est fixé au sol. Puis sans prévenir il se redresse est sort de la chambre sans m’accorder un regard.

Je ne comprends plus rien. Sans que je ne puisse rien contrôler, je me mets à pleurer toute les larmes de mon corps. Pourquoi est-il parti ? Pourquoi a-t-il fallut qu’il gâche un si beau moment ?

Dévastée, je m’allonge sur le dos, inconsciente de la douleur, et laisse libre cours à mes larmes.

 

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