Only One - Alisen : Chapitre 5 (nouvelle publication)
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Nouvelle publication.
En serrant les poings de frustration, je tente en vain de comprendre l’utilité des armes qui me sont proposées. Certaines sont aussi grandes que moi tandis que d’autres dépassent à peine la largeur de ma main. Je scrute Karl du coin de l’œil qui est toujours au stand de maniement d’arme et je me demande si je n’aurais pas mieux fait de faire la queue…
J’avise un trident, qui me semble intéressant compte tenu de mon environnement et le prends en main. Je m’aperçois avec étonnement que l’arme est aussi légère que si elle avait été faite dans de l’aluminium. Je la soupèse un peu et je manque d’embrocher l’entraineur. Je le repose immédiatement.
Je baisse les bras en soufflant d’exaspération, mes capacités de guerrière soudainement remises en cause. Je savais que je n’avais aucune spécialité mais je m’attendais au moins à trouver quelque chose de familiers ou de facile à utiliser !
Je commence vraiment à perdre espoir et songe à annuler ma salle quand mon regard est attiré par une demi-douzaine de petites lames. Je les regarde attentivement et remarque que les tranchants ont un étrange reflet bleuâtre.
Du poison.
Je fais un signe de tête au coach et m’empare des lames empoisonnées ainsi que des gants fournis avec. Ça peut être utile en effet. Je suis certaine qu’un goutte dans mon sang ne me tuera pas mais tout de même… Et même si je n’ai jamais eu l’occasion d’utiliser ce genre d’armes, je pense que leur utilisation équivaut à balancer une pierre. Bien que la pierre en question soit empoisonnée.
J’enfile les mitaines et range les lames dans ma ceinture et m’approche de la seconde table, sur laquelle sont disposés tout un tas d’objet utiles (ou pas à en croire le morceau de pâte adhésive…) à la survie.
- Je te rappelle pour la forme que ton environnement est le bord de mer. Tout dans cette salle est fait pour te piéger, rappelle-t-en.
J’acquiesce et regarde ce qui m’est proposé.
Mes yeux se posent sur un petit flacon gris avec écrit dessus « gaz de schiste ». Je réfléchi quelques secondes puis m’en empare. Si ce que je crois est vrai, j’ai une chance de faire quelque chose de grandiose.
A part la bouteille et une corde de plusieurs mètres je ne prends rien d’autre. Je fais face à la porte noire, les nerfs à vifs. Je passe la corde en bandoulière autour de mon cou et sous mon aisselle et patiente. Mais la porte ne s’ouvre pas.
Je jette un regard interrogateur au coach. Ce dernier me regarde aves les sourcils arqués et les yeux grands ouverts.
- Tu ne prends que ça ?
- Oui.
- Les anciens candidats embarquaient toujours la moitié des objets avec eux.
- Je n’en vois pas l’utilité, dis-je, inquiète d’être la première à prendre si peu.
- C’est toi qui vois. L’infirmerie se trouve au…
- Je sais où est l’infirmerie, merci, dis-je vexée.
- Très bien… Juste pour que je puisse te faire des remarques à la fin, tu comptes faire quoi une fois rentrée la dedans ?
Je le considère un instant. Je réalise que je n’ai aucun vrai plan, à part pour le gaz de schiste si celui-ci à l’effet escompté.
- Zigouiller toutes les créatures que vous m’enverrez je suppose.
Il semble étonné mais son sourire m’encourage. Il programme ma salle et m’indique d’un hochement de tête que je peux entrer à l’intérieur.
Avant que la porte ne se referme derrière moi, j’entends la voix du coach crier :
- Garrett ! Appelle Suzie. On aura besoin d’elle quand la gosse sortira de là !
Je suppose que Suzie est le nom de l’infirmière…
La porte fermée je regarde devant moi et mon souffle se perd dans ma poitrine. La vision qui s’offre à moi est époustouflante.
Un véritable paradis. Les remous de la mer sont comme une berceuse et je me balance en rythme avec elle. Je suis comme hypnotisée. Mes pieds avancent sans mon consentement et se dirigent vers l’eau. Mes chaussures s’enfoncent dans le sable humide et je sens l’eau s’infiltrer dans mes chaussettes. Mais je continue à avancer tout de même. La corde me gêne alors l’enlève et la jette sur le sable. Les lames et le flacon subissent le même sort.
L’eau monte rapidement et j’en ai bientôt jusqu’aux hanches. Mon buste poursuit son balancement hypnotique et soporifique. Puis une vague plus haute que les autres me recouvre entièrement.
Quand ma tête sort de l’eau, je me rends quand compte que je n’ai plus pieds.
Mais pourquoi suis-je allée si loin ?
Je regarde l’eau autour de moi et je me sens prise de panique. Je me rappelle avec violence que tout dans cette salle est fait pour me piéger. Et je viens juste de l’être.
Je bats frénétiquement des bras pour rester à la surface, puis une fois stabilisée je procède à mon retour sur la terre ferme. Seulement quand mes yeux se posent sur le rivage je me rends compte que celui-ci n’est pas désert. Quatre énormes bestioles sont postées de part en part de mon matériel et leur regard est rivé sur moi.
Mon cœur s’emballe et la peur s’empare de moi. Quelle conne ! Je pense que j’ai battu un record de stupidité.
Mon cerveau tourne aussi vite qu’il peut mais la masse d’eau autour de moi m’empêche d’avoir les idées claires. De plus, deux des créatures commencent à rentrer dans l’eau. Leurs huit pattes réparties de manières égale autour de leur carapace ainsi que les deux pinces qui claquent dans ma direction ne permettent aucun doute quant à la nature des monstres. Des crabes. Des crabes de deux mètres cinquante… déjà que petits je ne les aime pas…
Je ne peux tout de même pas rester là, au beau milieu de l’eau tout en sachant que le fond regorge sûrement de machins bien pire. Des requins géants, par exemple… La panique occupe tous mes sens et c’est avec cette idée de mâchoire remplie de dents acérées que je nage vers le rivage. Puis mon regard est attiré par un coin de la plage où le sable a une étrange teinte marron vaseux.
Je change donc de cap en gardant à l’œil les deux crabes qui finalement restent sur le sable, et quand mes pieds touchent le sol, les deux créatures sont presque sur moi. Malgré l’engourdissement, je force mes jambes à courir vers le sable marron-vert mais elles semblent avoir du mal à saisir le message. Elles retrouvent peu à peur leur vigueur et je fonce tête baissée vers mon morceau de terrain vaseux.
Je jette un regard derrière moi et je vois le premier monstre me sauter dessus. Je me jette au sol et le crabe passe au dessus de moi sans me toucher. Quand ses pattes retouchent le sol, la bestiole se retrouve immobilisée. Son corps s’enfonce peu à peu dans la vase jusqu’à ce qu’elle s’embourbe entièrement. Je regarde les antennes disparaître avec une certaine satisfaction puis un grattement dans mon dos me fait atterrir.
Je me retourne et évite de justesse le second crabe, qui ne tarde pas à rejoindre son copain. Mais avant de sombrer, il parvient à me lacérer le dos avec l’une de ses pinces. J’hurle de douleur lorsque le sable s’infiltre dans la plaie. Pour un hologramme je le trouve particulièrement douloureux ! Je me retourne furieusement vers la bête mais celle-ci a déjà entièrement disparu.
Légèrement requinquée par ces deux victoires, je rejoints mes affaires abandonnées en courant. Mais trois autres créatures ont rejoint le groupe et les cinq crabes me regardent avec une lueur de menace et de soif de vengeance dans les yeux. Je ralentie la cadence et mon souffle se fait court. Un problème s’impose. Comme je vais faire pour tuer ces trucs sans mes armes ?
Le premier crabe est à cinq mètres de moi. J’avise un rocher et réajuste ma trajectoire. Le crabe me suit en poussant un cri (je ne savais même pas que c’était possible) qui me fait trébucher de terreur. Je saute sur le rocher et rebondis dessus pour atterrir derrière le barrage de crabe, à côté de mes affaires. Je récupère les lames et le flacon avant que les créatures n’aient le temps de se retourner et le coincent dans ma ceinture.
Je prends ensuite la corde que je déroule et tourne autour du groupe avec. Des pinces meurtrières fusent de toute part et je dois me contorsionner pour ne pas me faire arracher le visage. Ma blessure au dos me ralentit mais je continue à tourner autour des quatre crabes et après trois tours, je tire de toutes mes forces sur la corde et le piège se referme autour de leurs pattes. Les créatures perdent l’équilibre et tombent les unes sur les autres.
Du coin de l’œil j’aperçois le dernier crabe qui descend du rocher et lui envoie deux lames entre les deux yeux. Le monstre fait quelques pas incertains puis s’écroule, les pattes en l’air, raide mort.
Je me concentre de nouveau sur le tas de pinces qui ne cesse de gigoter. Par précaution je fais un tour supplémentaire et tire encore plus fort sur la corde. Les crabes sont coincés mais pas pour longtemps. Je vois déjà des pinces en train d’attaquer la corde.
Sans rien lâcher je sors le flacon et pris pour que ce que je pense soit vrai. Je secoue la bombe et asperge les quatre bestioles. A peine le gaz touche-t-il les monstres que ceux-ci s’embrasent.
Je soupire de soulagement. Mes suppositions étaient donc vérifiées : gaz de schiste et eau polluée ça fait boom.
L’explosion provoquée par la combustion a dégagé une telle chaleur que la peau de mon avant bras est brûlée. Des cloques commencent déjà à apparaître. Mais ça m’importe peu car j’ai réussi l’entraînement.
Mais pourquoi la salle ne s’évanouie-t-elle pas alors ? Elle devrait redevenir blanche…
La réponse à ma question surgit soudainement de nulle part et vient se poster devant moi. Un crabe, bien plus gros que tous les autres, me fait face et lorsqu’il fait claquer ses pinces je vois le même liquide bleuâtre que celui qu’il y a sur mes lames couler des extrémités. Du poison. Mes lames n’ont sûrement aucun impact sur lui, alors… Dans le doute j’en jette trois qui atterrissent au dessus de ses yeux mais il ne semble pas s’en plaindre. Il se contente de claquer des pinces, l’air relativement énervé par mon imprudence.
On se jauge pendant presqu’une minute. Je cherche un point faible, n’importe quoi pour finir cette simulation qui commence à me coûter en sang.
J’aurais besoin de l’infirmière finalement.
Perdue dans mes réflexions, je ne vois pas la bête se jeter sur moi. Elle m’écrase sous elle et je me retrouve coincée entre son ventre et le sable.
Alors que ma vision commence à s’obscurcir, la créature se lève et je saisi cette chance pour m’enfuir le plus loin d’elle. Je saute sur le rocher avant qu’elle ne remarque ma disparition et cherche une arme potentielle du regard. Le temps m’est compté alors je m’empare du gros bâton coincé entre deux plus petits rochers et je saute derrière mon perchoir. Le crabe écrase ses pinces là où je me tenais et le reste du corps suit. Le monstre se hisse sur le caillou comme dans un film d’horreur, en sifflant. Il atterrit lourdement en face de moi et l’une de ses pattes se brise dans un craquement sonore. Je cours le plus loin possible de la créature qui devient folle de douleur et je me dirige vers un escalier de pierre qui mène à une espèce de temple en ruine. Je saute sur la première marche et attends.
Malgré sa patte cassée, le crabe me poursuit à une allure rapide. Elle est à une dizaine de mètres de l’escalier en pierre et je sens la fatalité grandir en moi. Mon cœur bat de manière irrégulière, oubliant parfois quelque battement.
Puis un rayon de soleil enveloppe la créature et me révèle ce que je n’osais pas espérer. Une fissure sur sa carapace suffisamment large pour que j’y enfonce mon bâton. Je serre mon arme à deux mains et attends que la créature se rapproche. Il ne faut pas que je rate mon coup.
Quand elle est à deux mètres de moi, je saute en l’air et, avec la force du désespoir, je lui enfonce mon bâton dans le trou. Le bout de bois pénètre la chair comme si c’était du beurre et mes doigts sont recouverts de sang. La bête rugit. Elle se cabre et me fait tomber à terre. Je me réceptionne avec mon bras valide et m’éloigne d’elle. Dans un dernier soubresaut le crabe s’effondre et cesse définitivement de bouger.
Une vive lumière jaillit alors et la salle redevient blanche.
- C’est bon, Alisen, tu peux sortir, dit une voix désincarnée dans un micro.
Je ne me le fais pas dire deux fois et m’empresse d’ouvrir la porte.
Quand je sors, je suis choquée de voir que tout le monde est rassemblé autour de l’atelier. Leur regard est fixé sur quelque chose derrière moi. Je me retourne pour découvrir un écran. Ah oui. C’était bien sûr filmé… Le jeune entraîneur de Kelyan prend alors la parole.
- Tu disais quoi à propos de ses chances de survie déjà, John ? demande-t-il à mon coach.
- Elle ne savait même pas utiliser un trident, se défend John. Bien joué, Alisen ! dit-il en m’adressant un sourire sincère. Tu nous a impressionné.
Je lui souris en retour et dépose les objets qui me restent sur une table.
L’infirmière s’avance vers moi et me prend le bras.
- Je vais te mettre ça le temps que tu finisses ton entraînement, 4/08, dit-elle en enroulant mon avant bras brûlé dans un genre de torchon. Tu viendras me voir après. Fais-moi voir ton dos.
- Ça va aller, merci.
- Mais ton dos…
- Ça va, vraiment. J’irais vous voir à la fin de mon entraînement.
- Changes au moins de vêtements, me dit-elle sur le ton de la réprimande. Ils sont tout trempés.
- Ils sècheront, dis-je énervée par cette bonne femme.
- Bon ! intervient John, le coach de la multi-salle. On ne va pas y passer le réveillon ! Tout le monde à ses occupations !
- Je fais votre atelier, dit Kelyan.
- Comme tu le sens mon garçon. Garrett t’as bien formé sur les points essentiels du combat au corps à corps.
Le groupe se disperse et quand je rejoints l’atelier du jeune coach, Garrett, mon regard se pose sur Logan qui a retrouvé le stand de stratégie. Il discute avec l’entraîneuse et quand il relève la tête pour lui montrer un point sur la maquette holographique, nos regards se croisent. Son visage se durcit et il tourne immédiatement ses yeux bleus vers la coach qui ne semble avoir rien remarqué d’anormal dans son attitude. Mon cœur se resserre.
Je regarde les autres gens de la salle et Kelyan me fait un clin d’œil et articule une suite de mot.
Je les identifie sans peine. Pas la peine de le nier. Kelyan a raison.
Je suis désormais une tueuse.
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