L'OSAS : Chapitre 9 - L'usine de minerai
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Sam et Riley avaient rejoint Alistair dans sa chambre personnelle. La jeune femme se sentait mal à l’aise parmi tout ce velours et ces froufrous. Même si la pièce était grande, un sentiment d’étouffement la prit à la gorge et elle sursauta.
Elle jeta un coup d’œil à Riley et constata que lui aussi aurait préféré être partout sauf ici. Il avait mis un jean et un sweat-shirt vert et il ne cessait de tripoter les cordons de sa capuche rabattue dans son dos. Il remarqua le regard de la jeune femme et fourra ses mains dans ses poches.
Le vampire était assis à son bureau et il écrivait une lettre. Il relevait la tête de temps en temps pour chercher de l’inspiration puis se replongeait dans sa rédaction. La jeune femme se retenait de lui hurler de se dépêcher. C’est en tout cas ce qu’elle aurait aimé faire.
Alors qu’elle pensait qu’elle allait craquer, Alistair plia sa lettre, la rangea dans une vieille enveloppe et la cacheta à l’ancienne. Puis il posa ses mains sur les genoux et scruta les lycans.
Il ne dit rien mais il semblait attendre quelque chose.
- Quoi ? demanda sauvagement Riley, beaucoup moins patient que Sam.
- Et bien j’attends, répondit le vampire. Je suppose que, si vous êtes ici, c’est pour me donner des noms. J’écoute.
Sam coula un regard vers Riley et hésita. Le jeune homme l’incita d’un haussement de sourcils en direction du vampire à dire ce qu’elle avait à dire.
- Adam Spencer, Robert Dante et Raphaël LaGarde, dit-elle en soupirant.
- Cela en fait donc déjà trois, murmura le vampire en mettant ses mains sur son front. Est-ce tout ?
- Oui.
- Qu’est-ce que tu en sais ? intervint Riley.
- Contrairement à toi, j’ai déjà fait partie d’une meute, et plusieurs fois. En Californie il n’y a que trois alphas : Spencer, Dante et LaGarde.
- Savez-vous où nous pouvons les trouver ? demanda Alistair d’un ton hasardeux.
- J’ai mieux, répondit-elle en souriant mystérieusement. Je sais qui est votre homme.
Alistair et Riley échangèrent un regard surpris.
- Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt, alors ? demanda le jeune homme.
- J’en étais pas sûre. Mais d’après les informations que vous nous avez donné je peux vous dire avec certitude qui est la le cerveau de l’opération. Robert Dante. C’est l’alpha des alphas de Californie, expliqua-t-elle. Il les commande tous. Et je sais qu’il ne rêve que d’une chose c’est d’accumuler d’avantage de puissance. Il doit être le chef, c’est certain.
- Et les deux autres ? demanda le vampire en se mettant debout.
- Ils sont sûrement avec lui, mais ils obéissent à ses ordres. Si, comme vous l’avez dit, ils agissent comme une unique meute, vous pouvez être sûr qu’on les trouvera sur le territoire de Dante.
- Parfait ! jubila Alistair en se déplaçant si vite que les deux lycans ne purent le voir.
Au même moment, la porte de la chambre s’ouvrit et Alexander entra.
- Tu m’as demandé ?
- Oui, répondit Alistair en marchant vers lui. Recherche Robert Dante et prévient moi quand tu sauras où il se trouve.
- Je reviens tout de suite, dit Alexander en fixant Riley.
Le lycan soutint son regard jusqu’à ce que le vampire ne soit plus à portée de vue. Il marmonna un juron mettant en scène la potentielle activité nocturne de la mère d’Alexander et passa une main sur son visage.
- On fera quoi quand on saura où il se cache ? demanda-t-il.
- Vous irez vérifier la véracité de l’information, répondit Alistair en retournant s’asseoir. Nos bases de données ont quelques années. Il se peut que certaines choses ne soient plus d’actualité.
Le jeune homme se contenta de faire oui de la tête.
- Et les autres ? intervint Sam. Ils resteront ici ?
- Je pense que c’est le mieux oui. Ce n’est qu’une mission de reconnaissance. Il n’y a aucun risque. Et puis vous passerez inaperçus. Je ne pense pas qu’un ange soit le bien venu chez lui.
On frappa à la porte et Alexander réapparut.
- Alors ? demanda le maître vampire.
- Sacramento, répondit le lieutenant.
- Très bien. Vous irez là-bas en reconnaissance, ajouta-t-il pour les lycans. Ne cherchez pas les embrouilles. Si vous pensez avoir quelque chose, appelez Elliott et on vous dira quoi faire.
Sam et Riley acquiescèrent et suivirent Alexander en dehors du bureau. Sans pouvoir l’expliquer, la jeune femme avait l’impression que deux ne seront pas assez pour cette mission, mais elle ne dit rien et suivit le vampire en réfléchissant sur la marche à suivre une fois sur place.
***
La voiture s’arrêta devant le bureau de poste et les lycans sortirent en remerciant le chauffeur de taxi. Le véhicule reparti et fut rapidement hors de vue. Riley scruta les alentours. A part les habituels passants, il ne notait rien de particulier.
- On devrait se séparer, dit soudainement Sam.
- Tu rigoles ? répondit Riley en regardant la jeune femme comme si elle était folle. On fait quoi si on tombe sur la meute ? Non, on reste ensemble.
- Riley, on couvrirait une plus grande zone si on se séparait.
- On aurait aussi plus de chance de se faire choper. N’essaye pas de marchander, on reste ensemble.
- Je suis une grande fille ! s’emporta Sam. je saurais me défendre s’ils décidaient d’attaquer.
- Toi oui, mais pas moi, répondit le jeune homme sans ciller.
Sam le regarda surprise mais elle soupira et fit oui de la tête.
- Très bien, dit-elle. On commence par la zone commerciale. Les vieux entrepôts, tous les bâtiments qui peuvent accueillir une meute aussi grande que celle de Dante doivent être fouillés. Ça va nous prendre plusieurs heures, on devrait commencer maintenant.
- Je te suis, répondit Riley en se rapprochant.
Le centre ville de Sacramento était une véritable fourmilière. Qu’importe l’heure et la saison, l’endroit était continuellement bondé de monde. Sam et Riley firent le tour de plusieurs vieilles bâtisses, mais ils ne trouvèrent aucune trace de Dante dans aucune d’elles.
La nuit commençaient à tomber et les recherches étaient toujours sans résultat. Ils étaient revenus à leur point de départ, devant le bureau de poste, les yeux brillants de fatigue.
Les lampadaires s’étaient allumés moins d’une demi-heure plus tôt et l’ombre de deux jeunes gens s’étendait sur le trottoir. Riley, les mains sur les hanches et à bout de souffle, regarda Sam.
- On fait quoi ? demanda-t-il entre deux inspirations.
- Je pense qu’on devrait rentrer.
- Tu veux abandonner les recherches ?
- Il n’y a que ça à faire. Il fait déjà nuit et Alistair nous a bien dit de ne pas nous attirer d’ennuis. On appelle un taxi et on rentre.
- On n’a pas l’adresse, répondit Riley, une lueur de panique dans les yeux.
Sam le regarda, les yeux écarquillés. Puis elle se prit la tête entre les mains et tapa rageusement le sol du pied.
- Putain ! s’exclama-t-elle furieusement et sortant son téléphone portable.
- Attend ! intervint le jeune homme pendant qu’elle composait le numéro d’Elliott. Encore une heure et on rentre.
Sam suspendit son geste et fixa Riley.
- Ce n’est pas raisonnable, dit-elle finalement.
- Ils sont ici, il n’y a pas d’autre moyen !
- Il a peut-être bougé. Alistair a dit…
- Oublie le vampire deux minutes tu veux ! la coupa Riley. Sam, une seule heure de plus. S’il te plait. Si on ne trouve rien, on appelle Elliott. Mais je veux continuer les recherches. Il doit être dans les parages, c’est obligé.
La jeune femme ne savait pas quoi faire. D’un côté elle voulait rentrer car elle était morte de fatigue, mais d’un autre elle partageait le sentiment de Riley. Dante était très certainement ici. Par Dieu sait quel moyen, il avait réussi à passer inaperçu mais il devait être ici.
Sam se mordit les lèvres, commençant déjà à regretter ce qu’elle allait dire.
- C’est bon, dit-elle en rangeant le téléphone. On continue. Mais une heure et après on rentre.
***
- Tu te fous de ma gueule ? dit Sam en se retenant d’exploser. Une usine de minerai de fer !
- C’est la dernière bâtisse qu’il nous reste, Sam, répondit Riley en se battant avec la barrière de barbelé. Ils sont forcément ici. Puis, si tu regardes bien, cette planque est de loin la plus astucieuse. Qui aurait l’idée de chercher des enfants de la lune dans une usine de fer ?
- Toi, dit Sam les yeux grands ouverts.
- Certes, haleta le lycan en poussant de toutes ses forces sur la résistance de la barrière. Mais sinon, qui d’autre ?
Riley grogna en s’appuyant sur le barbelé. Celui-ci refusait catégoriquement de céder.
- Aller ! s’énerva le jeune homme.
- T’as qu’à gueuler encore plus fort, dit la jeune femme en croisant ses bras sur sa poitrine. Il y en a peut-être là-dedans qui ne t’ont pas encore entendu.
- Je pense que pour la discrétion c’est foutu.
- Bien joué, Watson. Bon on fait…
Le reste de sa phrase resta en suspens et sa gorge se noua. De l’autre côté de la barrière avançait un molosse colossal, babines retroussées et le regard fixé sur elle et Riley. Le jeune homme continuait de forcer sur la barrière, inconscient à se qui se passait. Sam lui donna un coup de pied dans le genou pour l’avertir.
- Quoi ? demanda-il la voix altérée par l’effort.
- Arrête immédiatement ce que tu fais, répondit-elle dans un souffle sans quitter le lycan derrière des yeux.
Riley suivit son regard et il se projeta aussitôt à deux mètres de la barrière.
- Merde. Tu crois que c’est lui ? demanda-il sans prendre la peine de baisser d’un ton. L’ouïe d’un lycan étant nettement supérieure à celle d’un humain, chuchoter n’aurait servi à rien.
- Oui. C’est Dante, aucun doute là-dessus, dit la jeune femme en s’éloignant progressivement de la seule résistance qui les séparait de l’alpha.
Dante continuait d’avancer, lentement mais dangereusement. Ses yeux luisaient dans la nuit et les rayons de la lune voilée miroitaient sur son pelage gris-marron. Une méchante balafre lui parcourait le museau et Sam se demanda si elle était due à une éventuelle querelle entre lui et les deux autres alphas, LaGarde et Spencer.
La face du lycan était désormais collée au grillage. Dante s’était immobilisé mais il ne les quittait pas des yeux.
Riley et Sam sentaient comme un poids sur leur dos. Quelque chose de très lourd. Cette impression était arrivée avant même que l’alpha ne se montre mais les deux jeunes lycans avaient mit ça sur le coup de la peur du danger. Mais la nature était tout autre. En présence d’un alpha, n’importe quel loup inférieur se sentait écrasé. L’aura que dégageait le mâle dominant était très puissante. Dans le cas présent, Sam et Riley arrivaient à peine à rester debout. Leur instinct leur hurlait de se plier et de se soumettre. Le pouvoir du maître alpha était bien supérieur aux autres dominants.
Sam chancela et se retint de justesse au bras du jeune homme. Ce dernier n’en menait pas large non plus, se rendit-elle compte. Il avait perdu cette arrogance et cette dureté. A la place, trônait une crainte ancrée loin dans ses entrailles. Il était à deux doigts d’abdiquer. Sam puisa sur ses dernières forces pour se mettre debout et tira le jeune homme en arrière. La clé était de ne pas regarder le maître alpha dans les yeux. Cela pourrait être interprété comme un acte de défi.
- Riley, regardes ailleurs, dit la jeune femme doucement en continuant de reculer. La barrière était maintenant à une bonne dizaine de mètres et Dante était toujours à la même place, menaçant.
Riley sursauta et regarda la jeune femme comme s’il ne la connaissait pas. Il semblait sortir de transe. Sa peau était pâle et son dos courbé. Mais à mesure qu’ils s’éloignaient du lycan, les deux jeunes gens retrouvaient peu à peu de leur force. Riley fixait ses pieds et Sam continuait de reculer.
Ils arrivèrent sur la route déserte quand Dante s’en alla enfin. Sam lâcha un soupir colossal et passa une main dans ses cheveux roux collés de sueur. Sa respiration était saccadée et son corps parcouru de tremblements. Elle inspira une grande gorgée d’air nocturne et s’assis à même le trottoir.
Riley s’assit à côté d’elle, sans un bruit. La jeune femme se rendait compte que cette rencontre avec Dante n’était pas ce à quoi il s’était attendu. Riley était un lycan solitaire et il ne connaissait pas le pouvoir d’un alpha. Le jeune homme était devenu muet dès l’instant où son regard s’était posé sur le maître alpha.
- On devrait appeler Elliott, dit Sam pour briser le silence.
Riley acquiesça, le regard posé sur quelque chose d’inexistant. Sam sortit son téléphone et composa le numéro du démon. Personne ne répondit, alors elle composa le numéro une seconde fois. Cette fois, Elliott décrocha à la première sonnerie.
- Désolé, j’étais sous la douche, dit-il, essoufflé.
- Envoyez-nous un taxi, répondit Sam de but en blanc.
- Quelque chose ne va pas ?
- Passez-la moi, résonna la voix d’Alistair dans le combiné.
Des bruits de pas, puis un froissement de vêtement.
- Alors ? demanda le maître vampire.
- Envoyez-nous un taxi. S’il vous plait, ajouta-t-elle en se souvenant à qui elle avait à faire.
- Que se passe-t-il ?
- On vous racontera tout une fois en sécurité, répondit Sam. Tout ce que je peux vous dire pour le moment c’est que nous avons trouvé Dante.
Sa voix vira dans les aiguës lorsque qu’elle prononça le nom du maître alpha.
- Très bien, dit Alistair. Alexander viendra vous chercher devant l’hôtel de ville. Il arrive dans une vingtaine de minutes.
- Varför skulle jag göra det[1]? intervint la voix du lieutenant, apparemment mécontent. A défaut de comprendre ce qu’il disait, Sam se fia au ton.
- Håll käften och lyda[2], répondit Alistair. A tout à l’heure, poursuivit-il à l’intention de Sam.
- Oui, à tout à l’heure.
Elle rangea son téléphone dans la poche de son pantalon et mit la tête entre ses mains. Cette soirée ne s’était pas déroulée comme elle l’avait souhaité. Trouver Dante n’avait jamais vraiment été sérieux pour elle. Elle était persuadée qu’ils ne mettraient pas la main sur lui mais voilà qu’il se montrait. Cependant ils avaient eu énormément de chance. Il aurait pu les attaquer au lieu de rester immobile et les fixer.
La jeune femme regarda sa montre. Il était presque vint heures trente. Cela faisait vingt minutes qu’ils attendaient et toujours aucune trace du Suédois.
- Ça va toi ? demanda-elle à Riley en lui rentrant gentiment dedans avec l’épaule.
- Mmm, répondit-il sans la regarder.
- Tu veux en parler ?
- Non.
- Très bien.
Sam soupira. Elle était sur le point d’ajouter quelque chose quand un grognement derrière eux les fit se lever en sursaut.
Dans une ruelle, entre deux bâtiments, deux grands yeux verts brillaient. Rien d’autre n’était visible. Les deux lycans eurent un mouvement de recul lorsque la chose s’approcha et deux pattes recouvertes d’une abondante fourrure dorée apparurent. La suite du corps suivi presque aussitôt.
Sam s’en était douté grâce aux pattes mais à la vue du lion-métamorphe son cœur eut un raté. La bête émit ce qui aurait pu être un ronronnement dans d’autre circonstance et fit un pas de plus vers les lycans.
La jeune femme retint ses crocs de sortir mais Riley était moins avisé. Le jeune lycan était à mi-chemin entre la bête et l’homme. Ses jambes et ses bras étaient déjà recouverts de poil noir et ses doigts se terminaient par de longues griffes. Dans un hurlement qui déchira le silence de la nuit, il acheva sa mutation et le loup qu’il était devenu se posa lourdement devant Sam, plein de hargne et d’énergie.
- Riley… commença-t-elle, mais le regard que le loup lui jeta la stoppa net. Elle pouvait lire dans son regard qu’il lui demandait de lui faire confiance. De se reposer sur elle, et non plus l’inverse, au moins une fois.
Sam abdiqua et scruta les alentours en quête de la voiture qui les ramènerait chez Alistair. Rien ne se passait comme prévu et l’arrivée d’une dizaine de métamorphes ne fit qu’empirer cette impression de totale impuissance. Les deux lycans étaient encerclés au milieu de la route, devant l’hôtel de ville. Dans le groupe de métamorphes, en plus du lion, il y avait deux tigres, trois pumas, deux coyotes et trois monstrueux molosses. Le genre de molosse qu’il faudrait interdire. Des brutes, sans raison ni conscience. Riley se mit en position d’attaque et grogna de plus belle. Mais il ne bougeait pas. Gagner du temps, c’était tout ce qu’il pouvait essayer de faire.
Le cercle se resserrait autour d’eux. Le jeune homme avait beau grogner cela ne les arrêtait pas. Au contraire, cela semblait même les stimuler. Sam se maudit de ne pas avoir emporté une arme. Elle n’aurait pas pu les tuer avec de simples balles mais elle aurait pu les ralentir et les dissuader de s’approcher. La prochaine fois qu’elle partira en vadrouille pour le compte du maître vampire ce sera la première chose qu’elle prendra. Si prochaine fois il y a.
Alors que les métamorphes n’étaient plus qu’à un petit mètre d’eux, une autre silhouette fit son entrée. Une silhouette humaine cependant. Riley poussa un grognement de soulagement mais le son devint un étranglement lorsque le visage du nouveau venu fut éclairé par les lampadaires.
Du coin de l’œil à son nez, une énorme balafre suintait. Contrairement à ce qu’avait pu penser la jeune femme, ce n’était pas en se battant avec les deux autres alphas qu’il se l’était faite car elle aurait déjà cicatrisée. Celle-ci devait dater d’avant sa transformation.
Robert Dante fendit la barrière de métamorphe et se posa devant les deux lycans. Son crâne chauve faisait monstrueusement ressortir sa carrure d’ogre. A peine fut-il devant eux, que Sam et Riley s’affaissèrent de nouveau. L’aura de domination dégoulinait du lycan comme l’eau d’une éponge. Riley courba son corps de loup et se mit à émettre de petits couinements. Le pouvoir du maître alpha avait encore plus d’influence sur les bêtes que sur les hommes et Sam se ravit de ne pas s’être transformée elle aussi.
Dante les toisa en souriant et sa blessure se plissa en libérant un mince filet de pue. Sam se retint de vomir et baissa la tête. Si Alexander décidait d’arriver c’était maintenant où jamais. Mais le Suédois ne se montra toujours pas.
- Que font deux lycanthropes sur mon territoire ? demanda Robert Dante sans se défaire de son sourire. De nouveaux membres pour ma meute, peut-être ?
Le maître lycan s’approcha de Riley qui se ratatina encore plus, si cela était d’ailleurs possible. Il ricana et posa son pouce et son auriculaire sur les tempes du jeune lycan qui couina. Dante leva son regard sur les créatures autour et sourit de plus belle.
- Je pense que nous n’avons pas besoin de celui-là, dit-il mielleusement à l’intention de sa meute.
Les métamorphes répondirent tous par un grognement d’excitation. Dante fixa Sam un instant et sans prévenir broya d’une pression le crâne de Riley.
- Non ! hurla la jeune femme en se jetant sur l’alpha. Espèce de salaud ! Je vais vous tuer ! Je vais vous tuer !
La jeune femme manqua l’alpha et s’écrasa sur le sol, aux côtés du corps inerte de son ami. Des larmes coulaient abondamment le long de ses joues et tombaient se perdre dans la fourrure d’ébène de Riley. Les mains de la jeune femme parcoururent le corps du loup, à la recherche d’un signe de vie. Rien qu’un battement de cœur, un seul aurait suffit. Mais elle ne sentit rien d’autre que la douceur des poils sous ses doigts.
Le travail avait été fait proprement. La blessure était interne. Il n’y avait pas de sang.
Sam leva son regard baigné de larmes vers le maître. Ce dernier la regardait de haut, ce même sourire aux lèvres.
- Tu l’aimais bien ce lycan, hein ? demanda-t-il en ricanant. C’est dommage pour toi qu’il soit mort.
- Vous l’avez tué ! grogna-t-elle en se relevant. Vous n’êtes qu’un sale assassin ! Fils de pute !
- Ne mêle pas ma mère à tes petites histoires, tu es gentille.
- Je vous tuerais, répondit-elle en s’avançant lentement vers lui. Vous et les vôtres. Tous jusqu’au dernier. Qu’importe le temps que cela me prendra mais pas un seul d’entre vous ne s’en sortira vivant.
- Tu n’es pas en position de force, dit Dante en haussant un sourcil. Garde tes menaces pour ceux qui te prendront au sérieux. En attendant, si tu ne veux pas suivre ton copain tu ferais mieux de partir. Je ne veux même pas savoir la raison de ta présence ici, tu devrais me remercier pour ça.
- Vous n’avez aucune idée de qui vous avez à faire, dit-elle d’un ton égal.
Dante fit mine de réfléchir.
- Mmm, laisse moi deviner… serais-tu la reine d’Angleterre ?
- Je suis le docteur Samantha Gray, créatrice du mouvement Outre.
- Oh je vois, fit Dante en la regardant d’un air étrange. Tu es donc la tutrice de cet hybride.
- Jamais vous n’aurez Stephen.
- J’ai comme l’impression que nous ne te demandons pas ton avis.
- Gardez vos menaces pour ceux qui vous prendront au sérieux, Dante. Un homme qui tue sans raison est un homme stupide.
- Si tu es morte, comme ton copain à tes pieds, à quoi cela peut bien te servir que je sois stupide ? demanda-t-il en souriant.
- Vous n’avez aucun honneur, cracha-t-elle.
- Et toi, tu n’as plus de petit ami, dit il en haussant les épaules. Où est le problème ?
- Vous…
La jeune femme fut interrompue par la venue d’un second homme. Une boule de panique se forma dans sa gorge et elle se posta machinalement devant le corps sans vie de Riley.
- LaGarde ! cria Dante. Je t’avais dit de rester à l’usine !
- Je penserais à le lui dire si je le vois, répondit le nouveau venu.
La silhouette entra dans le cercle de lumière tous purent voir son visage. Sam suffoqua devant ce visage et s’effondra au sol, laissant libre cours à ses larmes.
- Vous n’êtes pas Raphaël LaGarde, dit Dante en sortant ses crocs. Et vous n’êtes pas un lycan, ajouta-t-il en froissant le nez.
- Non en effet, répondit le nouvel arrivant avec un fort accent scandinave. Je m’appelle Alexander et je suis un vampire qui est très énervé.
La meute eut un mouvement de recul et certains des métamorphes se retiraient déjà dans l’ombre des ruelles. Dante les regarda faire sans comprendre.
- Pourquoi partez-vous, bande de lâches ! Ce n’est pas un simple suceur de sang qui va vous…
Mais le reste de sa phrase se perdit dans sa gorge lorsque l’onde de choc le percuta. Alexander venait de déployer toute son aura sur le maître alpha et ce dernier était presqu’en boule sur le sol. Sam elle, ne ressentait rien. Elle regarda Alexander et comprit qu’il était bien plus qu’un simple lieutenant. Des siècles, voire des millénaires d’expérience l’entouraient. Contrairement à Dante, il ne se contentait pas de laisser couler son aura mais il la dirigeait. Et à cet instant, la totalité du pouvoir était concentré sur le maître alpha.
- Vous avez causé des ennuis à deux de mes amis, dit Alexander en serrant les mâchoires. S’il leur était arrivé malheur vous l’auriez senti méchamment passer.
- Alexander, couina Sam agenouillée derrière lui.
Le Suédois se tourna vers elle.
- Riley… commença-t-elle, mais elle n’arrivait pas à poursuivre tant sa gorge était nouée par le chagrin.
Riley est mort, pensa-t-elle en posant un regard dévasté sur le cadavre nu redevenu humain.
Alexander suivit son regard et ses yeux s’agrandirent quand il comprit. Il retroussa ses lèvres et, alors que Sam était sûre qu’il allait donner le coup de grâce à cet enfoiré et enfin mettre un terme à cette histoire avec Stephen, il se détourna de l’alpha et se dirige vers Riley.
Dante regarda le vampire faire, sans arriver à réaliser à côté de quoi il venait de passer. Sans demander son reste, le maître alpha s’enfuit en courant.
- Dante ! cria Sam en se relevant, prête à lui courir après mais Alexander l’arrêta d’une pression d’aura.
- Laissez-le, dit-il doucement en se penchant sur le corps de Riley.
- Mais… commença Sam.
- Je sais que j’aurais pu le tuer mais qui sait ce qui serait arrivé après. Ce n’est pas en tuant un seul membre du groupe perturbateur que la menace s’éteindra.
- Il s’agissait du maître alpha ! s’emporta la jeune femme.
- Tout aussi mortel que les autres, se contenta-t-il de répondre en palpant le corps du jeune homme.
- Je n’ai rien pu faire, murmura Sam en venant s’agenouiller de l’autre côté du corps. Je n’aurais jamais pensé qu’il le tuerait. Il s’était transformer pour me protéger, ajouta-t-elle en esquissant un sourire triste. Finalement j’aurait peut-être dû ne pas lui faire confiance et être celle qui le protège.
- Ne pleurez pas, dit Alexander en passant un bras sous le corps de Riley. Aidez-moi plutôt à le soulever.
- Vous l’emmenez où ? s’enquit-elle en prenant délicatement les bras du jeune homme.
Son visage était si beau. Même la mort n’avait pas réussi à le lui enlever.
- A la maison, répondit Alexander en le soulevant et en l’installant contre son torse. Il a besoin de soin.
L’information mit un moment à attendre la zone raisonnable du cerveau de Sam.
- Comment-ça ? dit-elle le souffle court.
- Votre ami n’est pas mort, mademoiselle Gray. Dante n’a pas réussi à atteindre son cerveau. Les os sont simplement cassés mais rien n’a été atteint à l’intérieur. Son système de guérison lycanthrope le guérira rapidement. Il souffre énormément mais il n’est pas mort. Alistair lui donnera de quoi se remettre d’aplomb.
- Comment pouvez-vous savoir ça rien qu’en le regardant ? demanda-t-elle aux bords des larmes.
- Tout simplement parce que je sens sa poitrine se soulever, mademoiselle Gray.
Le vampire lui sourit et elle se retint de se jeter dans ses bras et de l’embrasser. A la place, elle se contenta de serrer son bras.
- Merci, Alexander.
- Ne me remerciez pas. Il faut encore que ces os se ressoudent dans le bon ordre. On va avoir besoin d’Alistair pour qu’il les remette tous en place. Votre ami va souffrir le martyr mais c’est nécessaire si vous voulez qu’il n’ait aucune séquelle.
- Retournons donc chez Alistair ! s’empressa Sam. Où avez-vous garé la voiture ? demanda-t-elle en regardant autour d’elle.
- Je ne suis pas venu en voiture.
Une vague de chaleur s’empara de la jeune fille et la ville autour d’elle devint floue laissant peu à peu place à un jardin somptueux avec en son centre, une silhouette qui ressemblait à s’y méprendre à celle d’Alistair.