L'OSAS : Chapitre 5 - Mélia
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Vautrée dans un fauteuil et les cheveux en rideaux, Sam fixait la pointe de ses pieds en évitant de penser à autre chose qu’à ses orteils. Mais c’était comme essayer de ne pas penser du tout. Quasi impossible.
Alistair était parti depuis peu mais la jeune femme ne se sentait pas du tout à l’aise dans cette demeure de vampire. Qui sait ce qui pouvait se cacher derrière chaque rideau. Et Sam avait des doutes quand à la sincérité de son hôte. Une maison aussi grande ne pouvait pas abriter que deux vampires.
Elle préféra oublier ce détail et reporta son attention sur ses doigts de pieds quand un bruit de métal entrechoqué retentit bruyamment dans la demeure.
Sam se redressa immédiatement et ses crocs s’étaient mis à nus dans un geste purement automatique. Le lycan scruta les recoins sombres de la pièce mais ne vit rien de particulier. Quelque chose, ou quelqu’un était ici. Sam préféra le découvrir avant que ce ne soit lui qui la découvre. Simple question de fierté.
A cran, la jeune femme quitta la relative sécurité du salon et se faufila telle une ombre dans le couloir de droite. Son instinct animal parlait à sa place et elle pouvait désormais entendre les raclements des petits animaux qui vivaient dans la maison. Sa vue s’était également adaptée à l’obscurité et il était hors de question qu’elle allume les lumières.
Ses pieds ne faisaient aucun bruit sur le sol du couloir et sa respiration était bien plus calme que l’état dans lequel elle était. Sam était stressée. Chaque petit bruit lui faisait tourner la tête et à chaque fois c’était pour découvrir une araignée derrière un rideau ou une souris cachée derrière une armure.
La jeune femme commençait à douter de son instinct quand un bruit plus fort que les autres résonna en face d’elle. Encore un bruit métallique. Comme si quelqu’un avait fait tomber toute une armada de casseroles sur un sol de pierre.
Qui que ce soit devant elle, cette personne ne cherchait manifestement pas à être discrète.
Sam suivit le son et son cœur eut un raté lorsqu’elle reconnu l’endroit.
Elle se tenait devant un escalier qui descendait dans le sous-sol. Le sous-sol où elle avait été retenue comme prisonnière. Même si les intentions d’Alistair n’avaient pas été de la maltraiter, les vampires qui s’étaient occupés d’elle avait sûrement dut oublier ce petit détail.
Sam hésita. Fallait-il vraiment qu’elle descende ? Et si ce n’était qu’un Outre qui cognait contre sa cage ? Ce qu’en faisait Alistair ne regardait pas la jeune femme. Mais Sam sentait que son raisonnement ne tenait pas la route. Alistair n’aurait pas crée de cage aussi bruyante…
Déterminée à mettre fin à ce petit jeu, la jeune femme descendit la volée de marche petit à petit. Quand elle arriva en bas, la porte de la cave aux cages était entre-ouverte. Elle se colla contre la paroi glacée du couloir et jeta un œil discret dans la pièce.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Le son venait bien d’ici, il n’y avait aucun doute. Mais de là où elle était elle ne voyait rien. Elle pensait à abandonner les recherches quand un nouveau bruit de métal cogné l’un contre l’autre lui confirma la présence de quelqu’un là-dedans.
- Merde… murmura une voix féminine à l’intérieur. Alistair va me tuer.
Sa curiosité piqué à vif, Sam ouvrit la porte un peu plus et se faufila dans la pièce aussi silencieusement que possible. La jeune femme se cacha derrière une cage en pierre et regarda la mystérieuse femme.
De ce qu’elle pouvait voir, il s’agissait d’un vampire. Un très beau vampire. Une jeune femme d’à peine vingt ans. Brune, sûrement. Elle tenait dans ses mains une longue chaîne brisée. Une chaîne assez grosse pour emprisonner un troll sans difficulté. Sam devina que c’était de là que venait le boucan plusieurs fois entendu.
La jeune femme vampire regarda derrière elle, l’air coupable et agitée, et essaya bêtement de recoller les morceaux. Mais la chaîne lui échappa des mains et s’écrasa avec fracas sur le sol.
- Merde, merde, merde… dit-elle en trépignant gomme une gosse qui aurait une envie pressante. Je vais me faire arracher la tête !
Evaluant la situation, Sam n’hésita qu’une fraction de seconde avant de sortir de l’ombre et de se poser juste derrière le vampire.
- Besoin d’un coup de main ? demanda-t-elle.
Le vampire sursauta et refit tomber les morceaux de chaînes par terre. Elle se retourna vers Sam et sursauta une deuxième fois en voyant ses yeux briller dans le noir.
Nouveau vampire, pensa le lycan. Bien trop flippée pour avoir plus d’une année…
- Qui êtes-vous ? demanda le vampire, la panique croissant dans sa voix. Si vous venez pour la chaîne c’est…
Son regard désemparé fit presque sourire Sam. Mais qui était cette fille ?
Le vampire recula d’un pas pour mieux voir le reste de chaîne à ses pieds. Elle redressa la tête soudainement et débita un flot de paroles continues.
- Je tiens à vous présenter mes excuses en trois volets, en commençant par dire que je ne m’attendais pas à…
- Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas là pour cette chaîne, dit Sam calmement. Enfin, je n’espère pas qu’elle soit pour moi…
La lumière sembla se faire dans l’esprit du vampire car ses yeux s’illuminèrent et elle s’empara de la main de Sam.
- Oh mais vous êtes Samantha ! Je suis Mélia. C’est moi qui suis censée vous garder mais j’ai eu un petit problème avec cette… chose, termina-t-elle en jetant un regard douteux à la chaine.
- Mélia, répéta Sam.
Bizarrement, Sam s’était attendu à plus impressionnant comme vampire. Elle avait imaginé qu’Alistair la mettrait sous une garde rapprochée pour ne pas qu’elle s’échappe mais il n’en était rien de tout cela. Soit le maître vampire était persuadé d’avoir charmé Sam, soit il pensait qu’elle n’était pas une réelle menace. La deuxième option ne plut pas beaucoup à la jeune femme.
Sam scruta le vampire en face d’elle et fut étonnée de voir avec quelle facilité celui-ci arrivait à garder une part d’humanité. La plupart des nouveaux nés sont intenables mais celui-là semblait remarquablement bien… dressé ? Alistair devait être un excellent maître.
Mélia tortilla ses mains encore adolescentes et sembla chercher quelque chose à dire. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche, mais à chaque fois aucun son n’en sorti et elle la refermait aussitôt pour chercher autre chose à dire.
- Ne vous embêtez pas, dit Sam. Remontons plutôt. Cet endroit me file la chair de poule.
Mélia acquiesça, manifestement heureuse de recevoir des directives, et suivit le lycan hors de la cave. Elle referma la porte derrière elle et gravit les marches avec autant de leste qu’un chat.
Sam l’attendait en haut et quand elle arriva sur la dernière marche, elle décocha un sourire flamboyant au lycan. Elle semblait fière d’elle.
Sam ne put que lui rendre son sourire, à peu moins spontané peut-être. Sur le chemin jusqu’au salon aucune des deux femmes ne pipa mot.
Quand elles arrivèrent au bout du couloir, Mélia se téléporta sur le canapé avec un petit rire de gamine. Elle découvrait ses pouvoirs.
Sam alla s’asseoir sur le siège en face. Elle avait l’impression que des deux, c’était elle qui était la gardienne et Mélia la bête à surveiller. Mais cela faisait sourire la jeune femme. Mélia lui faisait penser à Stephen. Cette même joie de vivre, sans aucun jeu de mot, ce même air enfantin. Dommage que Mélia est été transformée si jeune.
Elle n’était pas de pure naissance cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle avait été humaine auparavant. Contrairement à Stephen. Et à elle-même.
Un bruit dans dos la fit sortir de ses rêveries et Mélia se mit debout, surexcitée, droite comme un piquet. Un piquet qui trépigne… Sam se mit debout à son tour et elle vit un nuage sombre grossir sous ses yeux. Puis des silhouettes se détachèrent. Sam en dénombra neuf.
Puis la fumée disparut et Mélia se propulsa littéralement dans les bras d’Alistair. Le maître vampire ne parut pas surprit, comme si elle faisait ça à chaque fois et il déposa un baiser ensanglanté sur les lèvres de la jeune femme. Mélia lécha le sang qui lui coulait désormais sur le menton et se fut comme si plus rien d’autre qu’Alistair n’existait.
- Elle est votre calice ! dit Sam choquée.
- Sam ! s’écria Mel en se jetant dans ses bras.
Le lycan réceptionna l’ange et accepta l’étreinte quelques secondes avant de la repousser gentiment. Alistair tourna un regard fiévreux vers elle et écarta doucement Mélia qui se cramponnait à sa chemise maculée de sang.
- Et alors ? demanda-t-il, menaçant.
- Cette pratique est interdite, répondit Sam sans voir la menace.
- Beaucoup de choses sont interdites, mademoiselle Gray, dit-il. Et pourtant…
Sam secoua la tête de désespoir mais l’arrivée d’Eliott coupa cours à cette discussion.
- Tu vas bien ? demanda le démon en la prenant par les épaules comme pour l’examiner.
- Oui, Elliott, je vais très bien.
Le lycan regarda le reste de l’assemblée et son cœur se resserra en reconnaissant chacun de ses visages. Tous avaient accepté de lui venir en aide. Même Riley qu’elle avait lâchement abandonné après une unique nuit de plaisir.
Alistair se positionna au centre du groupe.
- Tout le monde assis. Nous devons parler stratégie, dit-il.
- Je préférerais manger avant, intervint Riley de sa voix profonde en fixant Sam. Je suis… affamé.
- Nous n’avons pas de temps à perdre, répondit Usdean à côté de son père.
- Oh, aller ! dit Emma. Savez-vous quelle heure il est chez moi ?!
- Très bien, concéda le maître vampire.
Le groupe parut content et l’estomac de Sam gronda de bonheur.
- Vous êtes française, non ? demanda Usdean à Emma.
- Oui, répondit l’ange, méfiante.
- Pour moi ce sera des pâtes carbo Emma ! lança Riley du fond de son fauteuil qu’il avait rejoint en douce. Avec beaucoup de fromage, s’il te plait !
Emma était à deux doigts de leur dire d’aller tous se faire voir, mais le regard plus qu’éloquent du lycan avachi la fit craquer et elle se dirigea douloureusement vers l’immense cuisine.
***
- Me tuer ? répéta Stephen après que le repas fut terminé et les faits exposés.
- C’est la supposition en effet, répondit Alistair. C’est pourquoi nous vous avons fait venir ici. Mon clan n’est pas complet, évidement, mais ils ne sauraient tarder.
- Alexander ne rate jamais l’occasion de montrer qu’il est le plus fidèle, dit Usdean debout derrière son père. Il sera sûrement le premier à arriver.
- Qui est Alexander ? demanda Elliott, assis entre Sam et Stephen.
- Un lieutenant de notre clan, répondit Mélia. Il est suédois mais son allégeance envers Alistair est entière. De ce que j’en sais il a déjà prouvé que…
- Mélia, coupa Usdean. Tu es adorable mais si tu pouvais… te la fermer deux minutes !
- Elle ne fait rien de mal, la défendit Alistair.
Mélia s’était recroquevillée contre le maître vampire quand Usdean lui avait hurlé dessus et elle entortillait une mèche du vampire autour de son doigt. Elle semblait être sur le point de pleurer.
Usdean se renfrogna et partit dans la cuisine.
- Donc, reprit Alistair. Votre sécurité Stephen est nettement mieux assurée ici qu’ailleurs. Mon clan sera bientôt au complet et vous verrez ce qu’est enfin un véritable nid organisé. L’image véhiculée est si négative que nous n’arrivons plus à nous faire respecter.
- Tu n’as pas besoin de ton nid pour être le meilleur, susurra Mélia.
Alistair lui sourit, l’embrassa, et la congédia d’un geste tendre. Il suivit son départ du début à la fin et Stephen voyait bien qu’il y avait plus qu’une simple relation maître-objet entre ces deux là.
Une fois le nouveau né parti, le maître vampire se leva et regarda ses invités. Il parut réfléchir un instant et son regard ne quittait pas Stephen. Puis il prit une décision et redressa la tête pour toiser tout le monde.
- Je voudrais m’entretenir avec Elliott, Samantha et Mélanie. Les autres vous pouvez disposer. Usdean vous montrera vos chambres.
Un refus général lui répondit, bientôt arrêté par l’intervention d’Elliott.
- Ne discutez pas et faites ce qu’il vous dit.
Et se tournant vers le vampire :
- Stephen ne reste pas ?
- Non. Mieux vaut le préserver de certaine chose pour le moment.
Le reste du groupe suivit Usdean qui les attendait dans le couloir de gauche mais avant qu’ils ne soient partit, Alistair dit :
- Pas toi, Siwhan. Tu restes aussi. Mélia te tiendra compagnie en attendant. Nous devons parler toi et moi.
Siwhan regarda ses amis, paniquée mais aucun n’était en mesure de l’aider. Elle resta plantée au milieu du couloir sans savoir quoi faire.
- Ne sois pas si effrayée, dit Alistair en s’approchant. Tu n’as rien à craindre. Tu est ma fille après tout…
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