Kayla : Chapitre 1
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Cachée derrière un arbre, Kayla observait le trio qu’elle avait repéré une heure plus tôt. Les trois hommes lui avaient semblé louches dès la seconde où son regard s’était posé sur eux. Les deux plus grands, presque aussi grands qu’un troll, arboraient chacun une lourde hache attachée à leur ceinture, et leurs mains étaient sans discontinuer posées sur le manche. Le premier d’entre eux avait un air d’homo sapiens avec une longue barbe noire et de longs cheveux qui auraient bien eu besoin d’un lavage. Il était plus grand, et moins costaud que son collègue trapu, chauve, dont la moitié du visage était tuméfiée, ce qui lui donnait un air de benêt. Le plus petit et beaucoup plus mystérieux, ne semblait pas porter d’armes, et était bien plus svelte. Mais cela ne mettait pas en cause son statut de chef, même aux yeux de la jeune femme.
Kayla était intriguée par ces jeunes gens. Déjà, elle ne pouvait discerner le visage du chef et cela la troublait énormément. En effet, il portait une longue cape bleu nuit dotée d’une large capuche qui lui recouvrait la quasi-totalité du visage et cachait son corps empêchant la jeune fille de déterminer ses capacités physiques. Elle n’avait jamais vu ce groupe auparavant. Etaient-ils des voyageurs ? Si c’était le cas, ils leur manquaient des sacs et ils portaient bien trop de choses dangereuses sur eux, à commencer par les deux haches.
Mais qui étaient-ils alors ?
Depuis presque vingt minutes le trio pillait les champs de leurs richesses. Le chef récoltait, pendant que les deux géants montaient la garde.
Kayla bouillonnait de l’intérieur. C’étaient ses terres qu’ils volaient ! Elle devait agir, mais pour le moment, les risques étaient trop grands. Elle attendait que les gardes soient retournés pour tenter quelque chose.
A cause de son immobilité, les jambes de la jeune femme commençaient à s’engourdir. Elle secoua alors vivement son pied droit afin de chasser les fourmis et le reposa en écrasant un tas de brindilles qui craqua.
Le son résonna dans sa tête et elle ferma les yeux en priant pour que le groupe ne l’ait pas entendu. Instinctivement, sa main se porta sur la garde de son épée. Jusqu’ici, la proximité entre la forêt dans laquelle elle se cachait et les champs pillés par les voleurs lui avait permis de rester invisible, mais elle savait que si elle était repérée, elle ne pourrait pas s’échapper.
Un long silence tendu s’ensuivit, durant lequel la jeune femme n’osa pas respirer. Puis un souffle chaud sur sa nuque lui fit ouvrir les yeux.
Devant elle se tenait l’homme encapuchonné. Seuls ses yeux gris d’acier et son sourire carnassier étaient visibles. Son regard la fixait férocement, et elle sentit ses forces couler hors de son corps pour aller rejoindre les yeux brûlants de l’homme. Son épée, maintenant trop lourde, lui échappa des mains et elle décida de battre en retraite.
Elle fit deux pas en arrière et deux bras puissant la soulevèrent de terre.
L’un des deux gardes, le chauve, l’avait prise de revers. Elle tenta de se libérer de sa poigne de fer, mais elle se fatigua plus qu’autre chose.
- Bien jouer, Spartan, dit l’homme devant Kayla.
- Merci chef. Mais, vous savez, je n’ai rien fais. C’est vous qui l’avez conduite dans mes bras, dit-il avec une admiration qui confirmait son rôle de benêt.
- Oui, je sais. C’est le rôle d’un chef après tout, répondit l’homme en souriant encore plus férocement.
- Et on en fait quoi ? demanda l’autre. Je peux m’en charger si vous voulez, chef.
La lueur perverse dans ses yeux ne plaisait pas à la jeune femme. Kayla était jolie, et elle le savait mais elle détestait qu’on la regarde comme une friandise. Pourtant on ne pouvait que la remarquer avec ses longs cheveux noirs qui descendaient jusqu’au bas de son dos, lui donnant un air d’amazone, son mètre 70, ses formes généreuses et ses yeux verts en amande qui ressortaient sur sa peau caramel. Se sentant déshabillée du regard, elle ferma donc les yeux et essaya de faire le vide dans son esprit. Aussitôt, elle sentit ses forces lui revenir peu à peu.
- Ne la laissez pas fermer les yeux, bande d’incapable !
- Mais…, commença Spartan.
- Mon emprise sur elle ne marche plus tant qu’elle les garde clos !
- Ah, oui. J’avais oublié chef.
Le garde retourna la demoiselle dans ses bras et lui prit le visage entre ses gros doigts sales et musclés. D’une main, il obligea Kayla à ouvrir les yeux. Quand le regard du jeune homme croisa le sien, elle sentit de nouveau ses forces la quitter. Avant qu’elle ne redevienne un légume, elle cabra violement et parvint à se libérer de l’emprise de Spartan et du chef. Le choc provoqué par sa réaction lui laissa le temps de récupérer son arme et de placer sa lame sous la gorge du chef.
- Alors ? demanda-t-elle.
- Lâche notre chef, catin de l’enfer ! beugla le cro-magnon.
- Ça va aller, Claudio, répondit le prisonnier. Elle ne me tuera pas, n’est-ca pas madame ?
- Qu’est-ce qui te fais croire ça ? Je suis prête à risquer ma vie pour le bien être de mon royaume.
La confusion s’empara des trois hommes. D’un signe de tête, le chef demanda à ses hommes de partir.
- En êtes-vous certain ? demanda Spartan qui semblait perdu à la seule pensée de se retrouver trois minutes sans son chef.
- Oui. Retournez où vous savez. Je vous rejoindrais dés que possible.
Spartan et Claudio semblèrent hésiter, puis partirent par la route qu’ils avaient empruntée une heure plus tôt.
Kayla ne lâcha pas pour autant sa prise. Elle le força à avancer jusqu’au champ et là, elle le jeta dans la terre poisseuse et pointa son épée sur son cœur.
- Qui es-tu ? demanda-t-elle durement.
- Cela ne te regarde pas. Qui es-tu, toi, pour prétendre posséder se royaume ?
- Je pourrais de répondre que cela ne te regarde pas. Seulement je ne suis pas aussi stupide que toi. Je suis Kayla, princesse d’Astrael et deuxième fille du roi Elios, véritable possesseur de ce royaume.
- Fille d’Elios, dis-tu ? J’ignorais qu’il avait des enfants. Qui est l’héritier ?
- En quoi cela te concerne ? Tu n’es pas d’Astrael.
- Non. Tu as raison. Mais je peux tout de même savoir, non ?
- C’est ma sœur, Dayana, de deux ans mon ainée. Elle a célébré ses 20 ans le mois dernier si tu veux tout savoir.
- Une héritière ? dit-il en riant. Elle aussi est guerrière amazone ?
- Je ne suis pas une guerrière amazone ! Je trouve cette tenue plus pratique, c’est tout ! Mon père me désapprouve sur ce sujet, d’ailleurs. Il pense qu’une vraie princesse devrait s’habiller convenablement et agir comme tel. Seulement je refuse de rester assise sur le trône, alors que dehors il y a des vauriens qui saccagent nos terres ! La négligence et la coquetterie. C’est le domaine de ma sœur.
Et Dayana était particulièrement coquette. Elle aimait être une princesse, savait gouverner et se conduire comme telle mais elle détestait se salir les mains. Si les deux sœurs se ressemblaient énormément quand elles étaient petites, les choix de Kayla l’avaient éloignée de sa sœur. Dayana avait également les cheveux noirs mais lisses, et toujours bien coiffés, alors que Kayla détestait les attacher. A force de ne jamais sortir de la propriété familiale, Dayana avait gardé une peau très blanche et surtout, ses yeux étaient verrons.
- Je te comprends.
Kayla revint à la réalité en entendant la voix grave du jeune homme et hocha la tête d’un air sarcastique.
- Bien sûr. Tu as surtout peur de te faire embrocher sur mon épée.
- Non. Je sais que tu ne le feras pas.
- Que faisais-tu tout à l’heure ?
- Je me procurais de la nourriture.
- Sur mes terres.
- Sur tes terres…
- La peine de mort est la peine encourue pour de tels actes de vandalisme.
- Comme tu l’as dis tout à l’heure, je ne suis pas d’ici. Cela ne me concerne donc pas.
Kayla fulminait. Si seulement elle n’avait pas tant pitié de lui ! D’un coup rapide elle déchira la cape du jeune homme, et dévoila son visage.
Il était beau, elle s’en rendait compte. Ses yeux bleu-gris tranchaient admirablement avec sa peau légèrement hâlée et ses cheveux noirs de jais. La jeune femme pouvait voir dans son regard une trace de respect vis-à-vis d’elle. Elle gonfla sa poitrine et lâcha à contre cœur.
- Lèves-toi et suis-moi. Si tu t’avises de fuir je te coupe les deux jambes. Et si tu m’énerves vraiment, je te prive également de ta virilité.
Le jeune homme acquiesça et se releva. Il détailla la tenue de la princesse et sourit intérieurement. Cette tenue d’amazone mettait en valeur ses atouts et gonflait sa poitrine déjà généreuse. Il s’attarda sur ses hanches et se mordit les lèvres. Kayla le remarqua et lui donna un coup d’épée en direction de son entre-jambe, même si cette mimique rendait le jeune homme particulièrement...wouah. Il l’esquiva de justesse et leva les bras en signe d’abdication.
La princesse se mit en route sans regarder si l’homme la suivait. Pas la peine. Il faisait tellement de bruit qu’un ours sourd pourrait l’entendre.
- Tu ne veux vraiment pas me dire ton nom ?
- Non.
- Ni pourquoi tu es à Astrael ?
- Je te l’ai déjà dis.
- Je parle de la vraie raison.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Dommage.
Ils marchèrent en silence sur plusieurs centaines de mètres, puis Kayla se retourna lui prit les poignets et les lui enchaîna.
- Simple précaution. Je ne voudrais pas que tu sois abîmé pour ton procès.
- Mon procès ?
- Que tu sois d’ici ou non, ce que tu as fais reste du vandalisme. Ton châtiment ne sera peut-être pas la peine de mort, mais tu ne t’en sortiras pas indemne, crois-moi.
- Où m’emmènes-tu au juste ?
- Devant mon père. C’est lui qui te jugera et si tes deux géants refont surface je les bousille.
- Ton père a raison quand il dit que tu ne fais pas très princière.
- La ferme !
La jeune femme lui décocha un crocher du droit et elle sentit les os de sa mâchoire craquer sous ses doigts. Puis elle tira le jeune homme sonné et le traîna par terre.
Peu importe dans quel état il arrivera au château. Kayla était en colère et la santé de son prisonnier n’avait que très peu d’importance.
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