Chapitre 2

05/09/2013 17:57

-         On est bientôt arrivés ?

-         Tais-toi et marche, trancha la princesse.

-           Je te demande simplement si nous sommes encore loin.

-         Tu verras bien quand on y sera.

-         Tu parles toujours sur ce ton princesse ?

-         Tais-toi.

-           Je comprends pourquoi c’est ta sœur qui est promut sur le trône et pas toi.

-         La ferme !

Au bout de vingt minutes de route, Kayla n’en pouvait déjà plus de son prisonnier. Il parlait sans cesse et cela horripilait la demoiselle encore plus que le fait de ne pas savoir son nom.

Elle avait accroché la chaîne qui retenait l’homme autour de son ventre et quand l’occasion se présentait, elle n’hésitait pas à tirer dessus et faire avancer plus rapidement le vandale.

Pour le moment, elle laissait couler les remarques du jeune homme car elle savait que son père, le roi, allait le punir dûment. Mais sa façon de la regarder de haut en bas, elle ne pouvait plus le supporter. Il y avait un air un peu trop intéressé dans le regard du jeune homme qui ne plaisait pas à la jeune femme.

Elle tourna son visage vers son prisonnier et elle le vit recouvert de boue de la tête aux pieds. Le passage dans la forêt n’avait pas été plaisant pour tout le monde. Une balafre recouvrait une partie de son visage et Kayla eut des remords.

Elle y était peut-être allée un peu fort, pour une simple main posée dans le creux du dos. Mais l’épée avait été dégainée et la balafre faite avant qu’elle ne regrette son acte. Ses vêtements étaient en lambeaux et le peu qui lui restait dessus était à deux doigts de tomber.

Kayla retourna la tête et souffla d’exaspération. Cet homme était vraiment particulier ! Et une chose la chiffonnait. Quand elle était aux prises de Spartan, il avait dit quelque chose de troublant :

« -   Mon emprise sur elle ne marche plus tant qu’elle les garde clos ! »

Cet homme flirtait avec la magie, elle en était sûre. Sa démonstration avait été assez frappante. Mais à quel degré la maniait-il ? Etait-il possible que…

Kayla secoua la tête comme pour chasser son idée. C’était absurde.

Elle tira plus fort sur les chaînes et avança d’un pas plus assuré. Elle voulait rentrer chez elle et en finir avec cette histoire le plus vite possible.

 

-           Qui va là ? demanda le garde à la demoiselle recouverte de boue postée droite comme un i devant lui.

-           C’est moi imbécile, cracha Kayla. Ouvre cette porte ! J’ai quelque chose à livrer à mon père.

Le garde regarda la jeune fille d’un air perplexe. Il jeta un regard à ce qu’il y avait derrière elle et devina un visage au milieu du tas de boue qui se tortillait.

-           Princesse, dit-il en faisant maladroitement une courbette. Je suppose que la livraison ne peut pas prendre un bain avant de pénétrer dans le palais.

-           Non en effet, il ne peut pas. La porte.

Kayla fusilla le garde du regard et le défia de la contredire. Tout aurait pu très bien se passer si son prisonnier n’avait pas tenter de s’échapper en s’improvisant grenouille lors de leur passage obligé dans les marais. Inconsciemment, elle essuya son plastron poisseux et agita son pied noyé dans une couche de vase visqueuse qui s’était introduite dans sa chaussure.

Le garde semblait en proie à une terrible confrontation entre Lui et Lui-même. Sa bouche s’ouvrait pour se refermer aussitôt et ses sourcils étaient comme deux chenilles, l’une essayant de rattraper l’autre. Kayla devinait les rouages tourner sous cette masse de cheveux blonds. Puis ses yeux firent le point et il sembla avoir prit une décision. Il esquissa un pas de côté et regarda la princesse suspicieusement.

-           Merci, lança-t-elle froidement. Toi le bouseux, tu me suis sans faire d’histoire.

Elle tira sur les chaînes et obligea son prisonnier à se relever. Sa blessure au visage avait enflée. Sûrement infectée, se dit Kayla. Elle détourna son regard du jeune homme et avança vers les grandes portes du château. Son château. Le garde leva un bras en direction du poste et les battants s’ouvrirent.

Kayla s’engouffra dans la salle du trône d’un pas qu’elle espérait digne, et traina avec plus de force son prisonnier qui, à son plus grand désarroi, ne bronchait toujours pas.

Ses pas résonnaient  sur les dalles dorées, alors que ceux de son captif semblaient tout bonnement ne pas exister. Elle se retourna exaspérée et fronça les sourcils.

Le jeune le lui rendit, mais avec plus de conviction.

Il pourrait au moins être bruyant ! s’écria-t-elle intérieurement.

Elle semblait avoir interrompu un rapport important d’un des émissaires du roi, car ledit émissaire debout à la gauche du roi foudroya la princesse qui fit mine de n’avoir rien remarqué et continua son avancée vers le trône. 

Le roi, un homme d’un âge respectable quoique pas assez pour lui permettre d’être qualifié de sage, regardait sa fille marcher d’un pas résolu vers lui. Elle avait la tête haute et fière, ses épaules étaient redressées (« Tout le portrait de sa défunte mère » pensa-t-il mélancolique), mais elle était surtout recouverte de boue de la tête aux pieds. Et quelle était cette chose qu’elle trainait ?

La chose en question commençait à ne plus pouvoir sentir ses doigts. Elle tortilla ses mains dans l’espoir qu’une veine se libère de la poigne d’acier des menottes et se remplisse à nouveau de sang. Mais la princesse tira une nouvelle fois et le jeune homme ne réussi qu’a rajouter une griffure à la collection qu’il avait sur le dos de la main.

Kayla fit encore quelques pas puis s’arrêta aux pieds du monarque, fit une révérence et tira son prisonnier à ses genoux.

Le roi considéra le jeune homme quelques secondes d’un œil dubitatif, regarda son émissaire et enfin sa fille qui n’avait pas bougé.

-Père, fit-elle d’une voix forte, je t’apporte cet homme afin que tu le punisses comme il se doit. Je l’ai trouvé, lui ainsi que deux de ses hommes pillant nos champs près de la bordure Ouest de la forêt. J’ai cependant jugé noble d’épargner les deux gorilles…

- Kayla, ma fille, dit le roi, un ton de reproche dans la voix. Regarde donc ce que tu as fait !

- Pardon ?

Kayla regarda derrière son épaule et faillit s’étrangler. Bien visibles, deux rangées de pas boueux se dessinaient, allant de la porte restée ouverte jusqu’à ses pieds et à ceux du jeune homme.

-         Je suis désolée. Je ne pensais pas…

-           Non en effet. Tu ne pensais pas. Enfin ! Je suppose que tu avais l’intention de prendre un bain en compagnie de ce jeune homme afin…

-           Père ! s’offensa Kayla. M’avez-vous seulement écoutée ? Cet homme, cracha-t-elle en pointant du doigt le tas prostré à ses pieds, a volé sur nos terres !

-           Et il devrait être puni, je le sais bien ma fille. Mais est-ce de cette façon que l’on accueille des hôtes ?

-           Mais…

-           Tu devrais lui montrer plus de respect Kayla. Ce n’est pas ainsi que l’on accueille un roi.